Le vice-président du Venezuela Nicolas Maduro, un ancien chauffeur d'autobus héritier désigné du président Hugo Chavez décédé mardi des suites d'un cancer, est à 50 ans un vétéran du chavisme, considéré comme conciliant et modéré.

Avant de s'envoler pour Cuba pour une nouvelle opération, Hugo Chavez, 58 ans, a demandé début décembre aux Vénézuéliens de faire de M. Maduro leur président si lui-même devait quitter le pouvoir, assurant qu'il était «un révolutionnaire à part entière» ainsi qu'«un homme plein d'expérience malgré sa jeunesse».

«C'est l'un des jeunes dirigeants ayant les meilleurs capacités» pour diriger le pays «avec sa main ferme, avec sa vision, avec son coeur d'homme du peuple, avec son talent avec les gens (...), avec la reconnaissance internationale qu'il s'est acquise», avait alors ajouté le président.

Ministre des Affaires étrangères depuis 2006, Nicolas Maduro a été nommé vice-président par M. Chavez dans la foulée de sa victoire à la présidentielle du 7 octobre 2012. Il a même cumulé les deux fonctions durant quelques mois.

Auparavant, cet ancien chauffeur de bus et dirigeant du syndicat du métro de Caracas à la haute stature arborant une épaisse moustache sombre avait brièvement été président de l'Assemblée nationale (2005-2006).

En 1999, il avait décroché son premier mandat de député, sous la bannière du Mouvement 5e République, fondé par Hugo Chavez, arrivé au pouvoir la même année.

Les destins des deux hommes s'étaient déjà croisés au sein du Mouvement révolutionnaire bolivarien 200 (MBR-200), également créé par M. Chavez, à la tête duquel il avait mené son coup d'État manqué contre le président Carlos Andrés Pérez en 2002.

«Regardez où va Nicolas, le chauffeur de bus Nicolas. Il était chauffeur de bus, et comme ils se sont moqués de lui !», s'était exclamé M. Chavez en le nommant vice-président.

Son nom avait été cité avec de plus en plus d'insistance à l'heure des pronostics sur le nom du successeur du président malade. Et dès le début des allers-retours médicaux de Hugo Chavez à Cuba, il avait été l'un de ses visiteurs les plus assidus.

La haute silhouette de ce membre de l'aile modérée du chavisme est également devenue familière dans les rendez-vous internationaux depuis qu'il a remplacé à plusieurs reprises un Hugo Chavez affaibli lors de grands sommets.

Des analystes soulignent également son ton conciliant et sa grande capacité à négocier ainsi qu'à naviguer parmi les différentes tendances du chavisme.

Mais depuis qu'il exerce de fait le pouvoir, en l'absence prolongée du président Chavez, il a durci le ton à l'égard de l'opposition, notamment de son principal représentant, le gouverneur Henrique Capriles, qualifié de «prince de la bourgeoisie parasite».

A l'instar de son mentor, il multiplie également les apparitions publiques et les discours fleuve. Et c'est au bord des larmes qu'il a annoncé son décès mardi après-midi.

«Il est évident que Maduro veut consolider son pouvoir». Il a adopté «une stratégie de radicalisation et d'intimidation visant des rivaux internes et externes», estime l'analyste politique Luis Vicente Leon.

Pour le politologue et professeur d'Université Ricardo Sucre, «c'est (en outre) le choix des (dirigeants cubains Fidel et Raul) Castro», très proches de M. Chavez.

L'historienne Margarita Lopez Maya souligne pour sa part «la fidélité» du «meilleur porte-parole» international du gouvernement Chavez, dont il a parfaitement adopté la rhétorique «anti-impérialiste» et le soutien à des régimes controversés, comme en Iran, en Libye ou en Syrie.

Elevé dans le quartier de classe moyenne de Los Chaguaramos, à Caracas, où il a milité dès le lycée, Nicolas Maduro a également suivi une année de sciences politique à Cuba. Il est marié à Cilia Flores, autre figure du chavisme et procureur général de la République.