Les Équatoriens votent ce dimanche aux élections générales, un scrutin qui s'annonce comme un nouveau plébiscite pour le président sortant Rafael Correa, l'une des voix fortes de la gauche en Amérique latine.

Sauf coup de théâtre, cet économiste de 49 ans, grand favori face à une opposition éclatée en sept candidats, devrait remporter dès le premier tour un nouveau mandat de quatre ans, le dernier que lui autorise la loi, à la tête de ce pays andin de 15 millions d'habitants qu'il dirige depuis 2007.

Selon les derniers sondages publiés la veille, M. Correa, crédité de 64 % à 68 % d'intentions de vote, devance largement son principal rival, le banquier conservateur Guillermo Lasso (entre 16 % et 20 %), suivi de l'ex-président nationaliste Lucio Gutierrez.

Appelés aux urnes entre 7 h et 17 h, les électeurs vont aussi renouveler la composition du parlement, un pari plus délicat pour le chef de l'État dont le parti, Alianza Pais, ne dispose que d'une majorité relative.

Réélu une première fois en 2009, après l'adoption d'une Constitution d'inspiration socialiste, M. Correa s'est forgé sa popularité grâce à des programmes sociaux et d'infrastructure, financés par la flambée du pétrole, principale ressource nationale.

Il s'est aussi taillé une réputation internationale en imposant un moratoire sur la dette extérieure et en obligeant les compagnies pétrolières à quadrupler les dividendes versés à l'État.

Près de 30 % des Équatoriens vivent encore sous le seuil de pauvreté, selon le dernier rapport de la Banque mondiale en 2011, un taux que le gouvernement se targue d'avoir réduit à 16 %.

Chantre d'une «révolution citoyenne», M. Correa a su rétablir la stabilité dans un pays réputé ingouvernable, qui a fait valser en une décennie pas moins de sept dirigeants avant son arrivée au pouvoir.

Mais ce dirigeant au style provocateur reste en butte à l'hostilité viscérale des milieux d'affaires qui l'accusent de faire fuir les investissements étrangers.

Ses détracteurs l'accusent de vouloir prendre le relais de son allié vénézuélien Hugo Chavez comme nouveau porte-drapeau contre l'«impérialisme américain».

Omniprésent sur les ondes publiques, M. Correa livre également une guerre ouverte aux grands médias privés, auxquels il reproche d'avoir soutenu une rébellion policière contre lui en 2010.

Malgré la préoccupation des organisations internationales, il se présente en défenseur de la liberté d'expression après avoir accordé l'asile au fondateur de WikiLeaks Julian Assange, réfugié depuis huit mois dans l'ambassade équatorienne à Londres.