Après une période de relatif optimisme sur la santé de Hugo Chavez, hospitalisé depuis deux mois à Cuba, le vice-président Nicolas Maduro a ravivé les incertitudes en évoquant les traitements «complexes et difficiles» auxquels est soumis le président, l'opposition accusant le pouvoir de «mentir».

«Notre Commandant est soumis à des traitements complémentaires (...) qui sont extrêmement complexes et difficiles», a affirmé mercredi en fin de journée M. Maduro dans une allocution retransmise par la chaîne de télévision publique VTV au retour d'un voyage à Cuba au chevet du président, soigné pour un cancer et invisible depuis le 10 décembre.

De même que la nature précise de ce cancer dans la zone pelvienne détecté en juin 2011 n'a jamais été dévoilée, le vice-président n'a pas précisé de quels traitements il s'agissait.

M. Chavez «assimile» cette phase complémentaire de son traitement médical, «qui devrait à un moment donné clôturer le cycle de traitement de sa maladie», a simplement poursuivi M. Maduro. «Il poursuit (ses traitements) dans un esprit de combat», a ajouté le dauphin désigné du président.

Jeudi, la principale figure de l'opposition, le gouverneur Henrique Capriles, a de nouveau accusé le pouvoir de «mentir» sur l'état de santé du président.

«Très probablement (...), ils nous ont menti au cours des deux derniers mois», a affirmé M. Capriles lors d'une conférence de presse, estimant que Hugo Chavez pouvait se trouver dans une situation «totalement différente que ce qu'ont dit» les membres du gouvernement, seuls autorisés à s'exprimer sur sa santé.

Le président Chavez a été opéré le 11 décembre à La Havane pour la quatrième fois depuis le diagnostic de ce cancer. En l'absence de bulletin médical officiel, les autorités vénézuéliennes délivrent depuis au compte-goutte des informations sur sa santé.

Après avoir révélé que l'intervention avait été compliquée puis que le président souffrait d'une infection respiratoire, le gouvernement s'était montré rassurant au cours des dernières semaines, affirmant que le patient «récupérait», restait aux commandes du pays et serait de retour «plus tôt que tard», selon M. Maduro.

Le 1er février, celui-ci avait annoncé la «fin» du cycle post-opératoire et le 3, c'est Fidel Castro, mentor politique d'Hugo Chavez, qui indiquait lors d'une rencontre avec la presse locale qu'il allait «beaucoup mieux».

«Il va beaucoup mieux, il récupère. Ce fut un combat difficile, mais il va de mieux en mieux. Nous devons le guérir. Chavez est très important pour son pays et pour l'Amérique latine», avait alors déclaré le père de la Révolution cubaine, selon le quotidien officiel Granma.

Toutefois, la transcription complète de cet entretien, publiée mardi par Granma, tempérait quelque peu l'optimisme des propos de Fidel Castro, en retirant de l'interview la phrase «Il va beaucoup mieux».

Âgé de 58 ans, au pouvoir depuis 1999, Hugo Chavez ne s'est pas exprimé officiellement depuis son départ précipité pour La Havane. Réélu pour un mandat de six ans le 7 octobre, il n'a toutefois pas été en mesure de prêter serment devant l'Assemblée nationale le 10 janvier, comme le prévoyait la Constitution.

Si MM. Maduro, Cabello et Elias Juau, nouveau ministre des Affaires étrangères, sont les trois figures les plus visibles du pouvoir depuis le départ de M. Chavez, tous affirment que les décisions importantes, telles que la dévaluation de plus de 30 % de la monnaie nationale vendredi, sont prises par le Commandant, dont ils brandissent régulièrement la signature sur des décrets.

Mais M. Capriles a également mis en doute jeudi ces affirmations : «Une personne peut signer, (mais) elle ne va pas pouvoir parler au pays? Alors ils mentent, cela n'est pas vrai que le président parle, signe», a-t-il soutenu.

M. Jaua a annulé jeudi à la dernière minute un voyage officiel au Pérou le lendemain, après avoir été convoqué à La Havane par le président Chavez, ont annoncé des sources diplomatiques péruviennes.