Au Brésil, à quelques jours du Carnaval de Rio, les autorités ont fermé des centaines de discothèques et de boîtes de nuit à la suite de l'incendie, la semaine dernière, d'une discothèque de Santa Maria, qui a coûté la vie à 237 personnes. À Rio de Janeiro, leurs propriétaires fulminent, rapporte notre collaborateur.

Une semaine après la tragédie qui a bouleversé le pays, dans l'avenue Mem de Sá, à deux jets de pierre des célèbres arcs de Lapa, un petit groupe de musiciens, tambours à la main, fait danser la foule sur des airs de samba.

Les Cariocas (habitants de Rio) semblent malgré tout avoir le coeur à la fête. Mais les propriétaires de discothèques et de boîtes à chansons, eux, l'ont un peu moins.

Le quartier historique de Lapa, reconnu pour sa vie nocturne le week-end, n'est pas aussi bondé qu'à l'habitude.

Tout autour des arcs, les fêtards se rivent le nez depuis quelques jours à des établissements fermés. «Malheureusement, nous sommes fermés. Nous attendons les nouvelles règles de sécurité pour mieux vous servir», peut-on lire sur la grille de la porte d'entrée du célèbre bar Sacrilégio.

De l'autre côté de la grille, un employé, perceuse à la main, peste contre les autorités. «On ne sait même pas pourquoi on est fermé, lance-t-il. Ils ont paniqué et ils ont fermé toutes les discothèques et tous les établissements où des artistes font des performances sur scène. Sans nous dire ce qui ne fonctionne pas.»

Le 27 janvier, 237 personnes sont mortes, pour la plupart asphyxiées, dans l'incendie d'une discothèque de Santa Maria, dans le sud du pays. L'absence de sortie de secours et d'un système de gicleurs aurait contribué à cette tragédie.

Depuis, à la grandeur du pays, les pompiers font une véritable razzia dans les discothèques et les boîtes à chansons.

Dans l'État de Rio, sur les 209 établissements visités jusqu'à présent, une dizaine seulement étaient conformes à la règlementation. Ainsi, 127 ont été fermés, une cinquantaine ont eu des amendes salées et une vingtaine ont reçu un avis de non-conformité, ont indiqué les pompiers.

À Manaus, en Amazonie brésilienne, plusieurs boîtes de nuit ont également été fermées. Dans l'État de São Paulo, le plus peuplé du Brésil, une équipe de 300 pompiers procède à l'inspection de tous les établissements de plus de 1000 m2.

»Plus jamais»

La semaine dernière, la présidente du Brésil, Dilma Rousseff, a affirmé que tous les élus du pays, à tous les ordres de gouvernement, devaient prendre les mesures nécessaires «pour que plus jamais une telle tragédie ne se reproduise».

Vendredi, un juge de l'État de Rio Grande du Sul a prolongé de 30 jours la détention préventive des deux propriétaires de la discothèque et de deux des musiciens du groupe Gurizada, dont celui qui a involontairement mis le feu à la discothèque en allumant un feu de Bengale. La veille, la justice avait refusé de libérer un des propriétaires de l'établissement, hospitalisé après avoir tenté de se suicider.

Avec le journal O Globo et Bloomberg News