L'ancien président colombien Alvaro Uribe, farouche opposant aux actuelles négociations de paix avec la guérilla des FARC, a lancé un nouveau mouvement politique, baptisé le Centre démocratique, avec en ligne de mire les élections présidentielles de 2014.

«Nous luttons pour un pays qui applique la justice face au terrorisme», a lancé M. Uribe, lors d'une réunion jeudi soir à Santa Marta, à 950 kilomètres au nord de Bogota.

Au pouvoir entre 2002 et 2010, l'ancien chef d'État de 60 ans, empêché par la Constitution de briguer un troisième mandat, est resté très populaire pour sa fermeté à l'égard de la rébellion marxiste des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), à laquelle il a livré une guerre sans merci, avec le soutien logistique des États-Unis.

Son gouvernement a toutefois été vivement critiqué pour les violations des droits de l'homme attribuées à l'armée, accusée de milliers d'exécutions extrajudiciaires, un scandale d'écoutes illégales d'opposants politiques ou encore les liens entre sa majorité et les milices paramilitaires d'extrême droite, dissoutes entre 2003 et 2006 et accusées d'avoir infiltré de nombreuses institutions, dont le Congrès.

Après l'élection à la présidence de son ex-ministre de la Défense, Juan Manuel Santos, M. Uribe, avocat et propriétaire terrien originaire de la région de Medellín (nord-ouest), s'est converti en l'un de ses plus acharnés adversaires, l'accusant de trahison pour avoir ouvert des négociations avec les FARC. Il l'a accusé de «négocier avec les terroristes» et d'avoir «abandonné la sécurité des Colombiens».

«On a l'impression que la vie de nos soldats ne compte pas, que la liberté de nos policiers ne compte pas», a encore dénoncé M. Uribe, en réaction à la mort de quatre militaires abattus jeudi lors de combats avec les FARC et à la capture de deux policiers attribuée par le gouvernement à la rébellion.

Des pourparlers entre des représentants du gouvernement et de la guérilla la plus ancienne d'Amérique latine se déroulent depuis novembre à Cuba, pays garant du processus de paix, afin de tenter de résoudre un conflit qui a fait quelque 600 000 victimes, 15 000 disparus et près de 4 millions de déplacés en un demi-siècle.

Fondées en 1964 à l'issue d'une insurrection paysanne, les FARC comptent encore, selon les autorités, environ 8000 combattants, essentiellement repliés dans les régions rurales, après une série de revers militaires qui a fait fondre ses troupes de moitié en une décennie.