La guérilla des Farc a annoncé la reprise de la lutte armée en Colombie en confirmant dimanche la fin de la trêve unilatérale de deux mois, décrétée en gage de bonne volonté lors de négociations de paix à Cuba, sans avoir convaincu les autorités de Bogota de relâcher la pression militaire.

«C'est le coeur lourd que nous devons reconnaître que nous revenons à l'état de guerre dont personne ne veut», a déclaré à la presse Ivan Marquez, chef de la délégation des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), depuis La Havane où la rébellion marxiste a ouvert une nouvelle journée de négociations avec les représentants du président Juan Manuel Santos.

Le numéro deux des FARC a toutefois exhorté à nouveau M. Santos d'examiner «la possibilité d'un cessez-le-feu bilatéral» permettant «une atmosphère sereine» lors des pourparlers, dont l'objectif est de mettre fin au plus vieux conflit d' Amérique latine, qui a fait 600 000 victimes, 15 000 disparus et près de 4 millions de déplacés en un demi-siècle.

M. Marquez a proposé de discuter tout au moins d'un «traité de régulation de la guerre»,  afin d'«éviter à la population de souffrir davantage».

La délégation gouvernementale, dirigée par l'ancien vice-président Humberto de la Calle, n'a fait de son côté aucun commentaire avant la reprise des discussions.

Toutefois, le président Santos a déjà exclu à plusieurs reprises l'option d'un cessez-le-feu bilatéral avant de parvenir à un accord final avec les FARC, rappelant que les offensives militaires avaient permis de réduire leurs rangs à un niveau historique.

Selon un récent rapport officiel, la rébellion, fondée à l'issue d'une insurrection paysanne en 1964, compterait désormais moins de 8000 combattants, essentiellement repliés dans les régions rurales, contre près de 20 000 durant son âge d'or dans les années 90.

Les négociations de paix, qui ont démarré il y a deux mois dans la capitale cubaine, ont abordé comme premier point la question cruciale du développement rural dans un pays où à peine 1% de la population possède plus de la moitié des terres agricoles. D'autres thèmes épineux sont prévus, comme le trafic de drogue, la réinsertion politique des guérilleros ou encore les indemnisations des victimes.

A l'issue d'un conseil de sécurité spécial tenu dimanche, M. Santos, qui souhaite que les négociations aboutissent au plus tard en novembre prochain, a réaffirmé que les autorités étaient préparées à une reprise des hostilités, indiquant que ses services secrets lui avaient fourni «beaucoup d'informations sur des opérations prévues ou planifiées» par les FARC.

«Toutes les précautions, toutes les mesures sont prises afin que ces actions soient neutralisées», a-t-il assuré.

Vendredi dernier, les autorités ont annoncé avoir déjoué un projet d'attentat des FARC contre des écoles de la police et de l'armée à Bogota, après avoir saisi du matériel explosif. Un responsable de la police avait accusé la guérilla d'avoir profité de la trêve pour se «renforcer».

Le mouvement rebelle a assuré pour sa part avoir observé un véritable cessez-le-feu sur le terrain. «Nous avons respecté de façon sérieuse et responsable notre engagement», a-t-il souligné dans un message publié dimanche sur son site internet. «Nous n'avons pas mené la moindre attaque» contre des installations des forces de l'ordre, ajoute le message.

M. Santos lui-même avait récemment reconnu que les FARC ont «respecté (le cessez-le-feu) à quelques exceptions près», tandis que les insurgés affirment n'avoir fait que risposter aux offensives militaires.

Selon un décompte réalisé par l'armée, la guérilla aurait commis 52 violations de leur trêve, même si leurs actions auraient diminué de plus de 60% durant ces deux derniers mois, par rapport à la même période de l'année précédente.