De 2009 à 2012, le nombre de viols au Brésil a augmenté de 157% et dans l'État de Rio de Janeiro, il a été recensé une moyenne de 16 viols par jour en 2012, selon des statistiques officielles diffusées dimanche dans la presse.

De janvier à juin 2012, 5312 personnes ont été victimes de violences sexuelles au Brésil, pays de 194 millions d'habitants.  Les victimes sont des femmes dans près de neuf cas sur dix.

Le ministère de la Santé a indiqué qu'un changement en 2009 dans le Code pénal a augmenté les statistiques et encouragé les femmes à dénoncer davantage les agressions, la plupart du temps commises par des proches ou des personnes connues des victimes.

Jusqu'en 2009 notamment, seule la «pénétration vaginale prouvée» était considérée comme un viol, la pénétration anale n'étant considérée que comme un «attentat à la pudeur», rappelle le quotidien O Globo.

Avec le changement de loi, «les femmes ont eu plus de courage pour dénoncer, elles se sont senties moins coupables et cela se ressent dans les statistiques», a déclaré Aparecida Gonçalves, la secrétaire de l'organisme de lutte contre la violence faite aux femmes, citée par O Globo.

Selon elle, les mouvements de défense des femmes utilisent de plus en plus les réseaux sociaux pour protester.

«Il n'existe pas de révolte comme en Inde, mais un autre type de mobilisation fonctionne au Brésil, celui des réseaux sociaux», a-t-elle souligné.

La nouvelle du viol d'une jeune femme de 23 ans dans un bus à Delhi en Inde a entraîné récemment des manifestations sans précédent dans ce pays.

Au Brésil, après le viol de deux adolescentes par un groupe de musiciens après un concert de «pagode» (genre de samba) à Bahia (nord-est) en août 2012, le groupe n'a plus obtenu de contrats grâce à la mobilisation d'ONG sur les réseaux sociaux, a dit Mme Gonçalves, qui souligne que les punitions sont encore «très basses» pour les agresseurs.

«Cela témoigne du comportement machiste de notre société», a-t-elle souligné.

Au Brésil, il y a actuellement 12 704 personnes détenues pour viol -99,2% sont des hommes-, 8005 pour attentat à la pudeur, et 665 pour corruption de mineurs.

Leila Linaires Barsted, directrice de l'ONG Cepia qui lutte contre la violence sexuelle, dénonce «l'impunité et le faible taux de mandats de prison» dans ces affaires.

«C'est une chose que la police ordonne d'arrêter l'agresseur, et une autre chose que de le retrouver pour l'écrouer» a-t-elle déclaré.