Les leaders d'un petit groupe d'ex-soldats qui ont embarrassé le gouvernement haïtien plus tôt cette année en prenant le contrôle de bases militaires pour réclamer la remise sur pied de l'armée dissoute sont sortis d'un isolement long de six mois, samedi, pour renouveler leur demande.

Contactés sur leurs téléphones cellulaires après les avoir gardés éteints pendant plusieurs mois, quatre anciens sergents ont organisé une rencontre avec l'Associated Press sur une colline de Mariani, une ville balnéaire située au sud-ouest de Port-au-Prince, la capitale.

Selon eux, les membres de leur groupe s'entraînent sur ce site.

La rencontre survient au lendemain de la publication, par le ministre de la Défense, d'une déclaration mettant en garde le groupe contre toute action causant du désordre.

Les ex-soldats disent vouloir faire progresser leur campagne sans violence.

Les Forces armées nationales haïtiennes ont été dissoutes en 1995 en raison de son histoire de coups d'État et d'écrasement de la dissension. Plusieurs vétérans se plaignent depuis longtemps de pensions et de salaires impayés.

Après que la police eut repris en mai le contrôle des anciennes bases illégalement occupées, les leaders de ce groupe disparate d'anciens soldats et de leurs jeunes recrues ont caché leurs uniformes et leurs armes avant de retourner à leurs emplois de tous les jours.

Les anciens sergents disent avoir passé du temps à se réorganiser et à se préparer à renouveler leur campagne pour demander au gouvernement du président Michel Martelly d'honorer la promesse électorale consistant à rétablir une armée nationale et à nommer l'un des leurs à sa tête.

Des porte-paroles de la Police nationale haïtienne et du gouvernement n'ont pas répondu à des demandes de commentaires samedi.

Malgré ses défilés et sa prise de possession de bases, le groupe pro-armée n'a jamais vraiment représenté une menace pour le gouvernement ou la mission de maintien de la paix des Nations unies, qui est accusée d'être une force d'occupation.

Toutefois, le défilé du groupe dans Port-au-Prince et sa région, dont les membres étaient vêtus d'uniformes disparates et armés de pistolets, a effectivement embarrassé la mission onusienne et le gouvernement, qui tente d'attirer les investisseurs étrangers.

Les manifestations d'ex-soldats ont fait paraître faibles et inefficaces les deux institutions, soulevant des questions à savoir si Haïti pourrait effectivement revenir à son passé paramilitaire.

Pendant plusieurs mois, le groupe pro-militaire a défié les avertissements réclamant l'évacuation des anciennes bases militaires et la fin des démarches visant à se faire passer pour des soldats. En mai, finalement, la police a vidé les bases et emprisonné 50 manifestants à la suite d'un défilé pro-armée qui est passé devant le Palais national.

Les leaders du groupe ont alors éteint leurs téléphones cellulaires et ont majoritairement disparu.

La police a arrêté environ 30 hommes pro-armée dans une ancienne base militaire au nord de la capitale, jeudi, alors que ceux-ci ont tenté d'en prendre possession, a indiqué l'un des anciens sergents, David Dorme.

Un journal a indiqué que l'opération a permis de saisir des armes de fabrication artisanale, des uniformes et des appareils radio. Un porte-parole des autorités a refusé de commenter l'article du quotidien.