Seuls 8% des délits commis au Mexique font l'objet d'une plainte et 99% d'entre eux restent impunis, affirme la Commission nationale des droits de l'Homme (CNDH), un organisme autonome de l'État mexicain, dans un rapport publié sur son site web.

La CNDH y indique que son président, Raul Plascencia, a dénoncé au cours d'une réunion avec les membres de la Commission des droits de l'Homme du Sénat mexicain le peu d'efficacité des forces de police face à la délinquance organisée qui meurtrit le Mexique.

«Seuls huit délits sur 100 commis font l'objet d'une plainte et seulement 1% des actes illicites enregistrés aboutissent à une condamnation», a déclaré M. Plascencia.

Depuis 2005, la CNDH a enregistré 34 385 plaintes contre des fonctionnaires de la sécurité publique fédérale.

Actuellement elle enquête sur 2216 cas de disparitions forcées, c'est-à-dire concernant des personnes disparues du fait de l'action des forces de sécurité de l'État.

La CNDH chiffre le nombre des victimes d'homicides à 46 015 depuis six ans, auxquels s'ajoutent 15 921 cadavres non identifiés et 1421 cadavres exhumés de fosses clandestines.

Si en 2005 la Commission avait enregistré seulement un plainte pour torture, en 2011 le nombre de dénonciations de traitements cruels, inhumains ou dégradants s'est monté à 2040.

Le président de la CNDH a également évoqué la crise du système pénitentiaire mexicain qui compte 239 760 détenus dans 418 centres pénitenciers, fédéraux ou régionaux.

«L'État consacre d'énormes moyens au combat contre la délinquance et à l'arrestation de criminels, mais il abandonne pratiquement le détenu une fois qu'il est en prison», souligne-t-il.

Ce tableau est dressé par la CNDH à quelques jours de la fin du mandat, le 1er décembre, du président Felipe Calderon qui avait lancé dès son arrivée au pouvoir en décembre 2006 une guerre contre le crime organisé appuyée par 50 000 militaires.

Son successeurs, Enrique Peña Nieto, s'est fixé pour priorité de diminuer le nombre de victimes engendrées par cette offensive.

Dès jeudi, le Sénat doit examiner un projet visant la suppression du ministère de la Sécurité publique, dont dépend la Police fédérale. Il est proposé que les fonctions de cette entité à l'action contestée soient désormais placées sous la houlette du ministère de l'Intérieur.