La guérilla colombienne des FARC a ouvert lundi à La Havane le dialogue de paix avec le gouvernement de Bogota en annonçant un cessez-le-feu unilatéral de deux mois, pour «faciliter le climat» des discussions qui visent à mettre fin à près d'un demi-siècle de conflit armé.    

Le secrétariat des FARC «ordonne la fin des opérations militaires offensives contre la force publique», a affirmé Ivan Marquez, chef de la délégation des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC).

«Ce cessez-le-feu prend effet le 20 novembre à 0 h jusqu'au 20 janvier 0 h», a ajouté le numéro deux de la guérilla marxiste, dont la délégation est arrivée sous la pluie au Palais des conventions de la capitale cubaine à 9 h 45, quelques minutes après les représentants du gouvernement colombien, qui n'ont fait aucune déclaration.

«Cette décision politique des FARC est une contribution destinée à faciliter le climat de compréhension nécessaire pour que les deux parties qui entament le dialogue atteignent l'objectif espéré par tous les Colombiens», explique le communiqué lu à la presse par le chef de la délégation des FARC.

«C'est une démonstration de plus de notre volonté de générer un climat politique propice au développement des conversations qui visent à parvenir à un véritable traité de paix mettant fin au conflit social et armé, comme le souhaitent la majorité des Colombiens», a-t-il ajouté.

Les autorités colombiennes n'ont pas immédiatement répondu à ce cessez-le-feu unilatéral, mais le gouvernement avait à plusieurs reprises rejeté l'idée d'un cessez-le-feu pendant la durée des négociations.

«Nous ne parlerons pas d'un cessez-le-feu avant la conclusion du processus de paix», avait déclaré le chef de la délégation gouvernementale, l'ex-vice-président Humberto de la Calle, à la presse au moment du lancement formel du processus, le 18 octobre en Norvège, pays garant du processus avec Cuba.

«Il n'y aura pas de suspension des opérations militaires», avait-il insisté.

Lors de plusieurs mois de négociations secrètes en début d'année, guérilla et gouvernement ont adopté un ordre du jour des discussions en cinq chapitres : développement rural, participation des FARC à la vie politique, fin des hostilités, lutte contre le trafic de cocaïne, dont la Colombie est le premier producteur mondial, et droits des victimes.

Avant son départ de Bogota dimanche, le chef de la délégation gouvernementale a assuré que ce premier cycle de discussions «durera en principe 10 jours au terme desquels se fixera la date du cycle suivant».

«En tout cas, ce sera un processus rapide et efficace. Un processus en mois, et non en années», a ajouté Humberto de la Calle.

La phase des négociations qui s'ouvre lundi «doit se terminer par un accord définitif sur le conflit», selon les engagements préliminaires pris par les deux parties, a-t-il déclaré à la presse en ajoutant : «L'heure est au concret et non aux discours».

Il a encore une fois écarté l'idée d'un cessez-le-feu tel qu'il avait été décrété pour de précédentes négociations qui avaient échoué : «Pas de concessions de caractère militaire, ni cessez-le-feu, ni zones démilitarisées».

Ce processus de paix, visant à mettre un terme à un conflit qui a fait depuis 1964 plusieurs centaines de milliers de morts et près de quatre millions de déplacés, selon l'ONU, constitue la quatrième tentative de dialogue depuis les années 1980, la dernière ayant échoué en 2002.