L'industrie pétrolière vénézuélienne, dominée par la compagnie publique PDVSA, s'apprête à mener une profonde révision de ses procédures de sécurité et d'entretien, après avoir souffert du plus grave accident de son histoire, qui a fait plus de 40 morts.

PDVSA va «redéfinir la zone de sécurité» autour de «tout» le circuit de raffinage, qui comprend six complexes dans tout le pays, a indiqué le directeur de ce secteur, Jesus Luongo, lors du 2e Congrès des hydrocarbures, qui s'est déroulé jusqu'à jeudi à Puerto La Cruz (nord-est).

Le 25 août au matin, une explosion due à une fuite de gaz dans la raffinerie de Amuay (dans l'État de Falcon, nord-ouest) a provoqué une explosion qui a fait 42 morts et plus de 130 blessés et sérieusement endommagé neuf réservoirs de stockage d'essence.

La plupart des victimes, des militaires chargés de la surveillance du site et des habitants de villages voisins, se trouvaient dans des zones «très proches» de la raffinerie, a rapporté à l'AFP l'économiste du secteur pétrolier Rafael Quiroz, qui a confirmé qu'«il y a une révision complète des autres raffineries (selon) des standards internationaux».

L'accident a réveillé les craintes concernant l'état des installations de PDVSA. Des experts et l'opposition dénoncent le manque d'entretien et les mauvaises conditions de sécurité, accusant l'entreprise de consacrer l'essentiel de ses revenus aux programmes sociaux du président Hugo Chavez.

M. Luongo a défendu «les excellents» protocoles de sécurité et de supervision de PDVSA, et assuré qu'«il n'y avait pas eu de négligence» à l'origine de l'explosion, même s'il a admis que l'accident pourrait déboucher sur des changements dans les méthodes de prévention.

«Ce sont les accidents qui ont eu lieu partout dans le monde qui ont permis de changer les standards», a-t-il affirmé.

Le président pour l'Amérique latine de la compagnie pétrolière américaine Chevron, Don Stelling, a fait part de son souhait que «PDVSA puisse tirer des enseignements (de cet accident) et les partage avec toute l'industrie».

Amuay constitue avec la raffinerie Cardon le Complexe de raffinage de Paraguana (CRP), l'un des plus importants au monde, qui selon des données officielles produisait jusqu'à 955 000 barils de pétrole par jour avant l'accident.

Le Venezuela est le cinquième exportateur de pétrole au monde. En 2011, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) a certifié que le pays détenait les plus importantes réserves pétrolières du monde, avec 296,5 milliards de barils, devant l'Arabie saoudite.

PDVSA a repris progressivement il y a une semaine ses activités à Amuay après quatre jours d'incendie.

La compagnie publique, qui détient des participations majoritaires dans tous les projets pétroliers du pays et est propriétaire de toutes les raffineries, a ordonné une enquête pour déterminer l'origine de l'accident.

«De cette enquête sortiront quelques recommandations qui devront être appliquées au niveau national et international», a affirmé le président de la Chambre vénézuélienne du pétrole, Alfredo Hernandez.

M. Hernandez a également indiqué à l'AFP que plusieurs entreprises étaient actuellement chargées de rénover les systèmes anti-incendie des installations pétrolières du pays, mais a souligné qu'il s'agissait d'activités «de routine» de PDVSA et que pour l'heure, il n'avait «pas encore» observé d'augmentation des opérations d'entretien, consécutives à l'explosion.