Le président colombien Juan Manuel Santos a annoncé lundi l'existence de «discussions exploratoires» avec la guérilla des FARC, ouvrant l'espoir d'un éventuel dialogue de paix historique après un demi-siècle d'affontements sanglants.

«Depuis le premier jour de mon gouvernement, j'ai respecté l'obligation constitutionnelle de chercher la paix et nous avons entrepris des discussions exploratoires avec les FARC, afin de chercher la fin du conflit», a déclaré M. Santos lors d'une allocution solennelle à la télévision.

C'est la première fois que le chef de l'Etat, au pouvoir depuis 2010, confirme ces pourparlers avec la rébellion marxiste des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), principale guérilla qui compte encore 9.200 combattants après 48 ans d'existence.

«Les résultats de ces rapprochements avec les FARC seront connus dans les prochains jours», a précisé le président colombien, tout en excluant un arrêt des actions militaires durant cette période.

«Nous maintiendrons les opérations et la présence militaire sur chaque centimètre du territoire», a-t-il souligné, affirmant avoir appris des «erreurs du passé».

Les dernières négociations menées avec les FARC remontent à 2002. Les autorités les avaient alors rompues, en accusant la guérilla d'avoir profité de la démilitarisation d'une partie du territoire pour se renforcer.

La seconde guérilla communiste du pays, l'Armée de libération nationale (ELN), qui compte 2.500 combattants, serait également disposée à participer à ces «discussions visant à mettre fin à la violence», selon M. Santos.

Ses déclarations interviennent alors que les principaux médias ont récemment fait état de contacts noués à Cuba entre des représentants du gouvernement colombien et des FARC pour préparer l'ouverture de négociations en terrain neutre.

Un peu plus tôt dans la journée, l'ancien-vice président colombien Francisco Santos, un journaliste réputé, a même avancé un calendrier des pourparlers lors de son émission à la radio RCN.

Les négociations «commenceront à Oslo le 5 octobre avant de se poursuivre à La Havane», a prédit cet ex-responsable, vice-président entre 2002 et 2010 dans le gouvernement d'Alvaro Uribe et cousin de l'actuel président, dont il est un opposant déclaré.

M. Uribe, symbole de la politique de fermeté envers les FARC, avait le premier annoncé il y a quelques jours l'hypothèse de contacts secrets à La Havane pour les dénoncer.

Lors d'une rencontre avec des étudiants lundi, l'ancien dirigeant a reproché à son successeur d'être «permissif» et d'avoir permis la «recrudescence du terrorisme», dénonçant une «complicité» avec le président socialiste vénézuélien Hugo Chavez qui prêterait aussi son concours dans le cadre d'un dialogue de paix.

«Je crois que tant le gouvernement que les FARC ont compris que continuer la guerre n'a pas de sens», a commenté auprès de l'AFP Daniel Garcia-Peña, ancien commissaire à la paix entre 1995 et 1998 dans le gouvernement d'Ernesto Samper.

«La guérilla sait depuis longtemps qu'elle ne prendra pas le pouvoir par les armes et se convertira en force politique que dans un scénario de fin de conflit. Le gouvernement de Santos sait aussi que c'est central pour l'intégration réussie de la Colombie dans le concert des démocraties», a-t-il ajouté.

Depuis son arrivée au pouvoir, le président colombien n'a cessé de réaffirmer qu'il était prêt à promouvoir une issue négociée, demandant aux FARC des preuves de bonne volonté.

Repliée dans les régions rurales du pays, la guérilla, dont les troupes ont fondu de moitié en dix ans, lance aussi régulièrement des appels à la paix.

Elle a renoncé en février à la pratique des enlèvements contre rançon, avant de libérer en avril les dix derniers policiers et militaires encore retenus en otage.

Autre signe d'espoir, le Parlement colombien a approuvé à la mi-juin un projet de réforme constitutionnelle destinée à encadrer une éventuelle démobilisation des guérilléros.

La perspective de négociations de paix, qui suscite un certain consensus dans la classe politique à l'exception notable de M. Uribe, est approuvée par 74% des Colombiens (contre 25,8%), selon un sondage publié la semaine dernière.