L'Argentine a rendu un hommage jeudi à la mythique Evita Peron, la présidente Cristina Kirchner la qualifiant d'«éternelle», 60 ans après la mort prématurée de l'épouse du président Juan Peron, fauchée par un cancer.

«Elle est éternelle, unique, mais nous devons tirer les leçons de l'histoire et savoir que le chemin que nous avons choisi, celui d'un pays avec moins de pauvres, veut dire faire face à des intérêts», s'est exclamé Mme Kirchner à José C. Paz, 40 km au nord-ouest de Buenos Aires.

«Nous sommes de retour parce qu'elle, Eva Peron, avait promis d'être de retour parmi ses millions d'Argentins et nous nous devions d'accomplir sa promesse d'offrir un pays différent», a-t-elle ajouté devant quelque 100.000 personnes, selon les organisateurs.

Parallèlement, au cimetière de La Recoleta, au coeur de la capitale, des centaines de personnes, dont de nombreux étrangers, se pressaient autour de sa tombe.

«Il n'y aura plus jamais quelqu'un comme elle», a déclaré à l'AFP Norma Bermudez, 76 ans, devant la tombe d'Evita. Elle l'avait veillée pendant trois jours en 1952.

«C'était une marée humaine qui défilait en pleurant sans cesse» devant le Congrès, a expliqué Mme Bermudez, une infirmière à la retraite. «Il n'y avait plus de fleurs chez les fleuristes : le centre de Buenos Aires était couvert d'oeillets, de roses et de chrysanthèmes».

Mme Kirchner avait annoncé mercredi soir que des billets de banque de 100 pesos (18 euros) porteraient le visage d'Evita.

«Depuis 200 ans, c'est la première fois qu'une femme est représentée sur un billet : s'il faut rendre hommage à la femme, qui mieux qu'Evita ?», a-t-elle dit.

Une fresque a été inaugurée dans un hôpital qui porte le nom de la deuxième épouse de Juan Domingo Peron, trois fois président (1946-52, 1952-55, 1973-74).

Sur les marches du Congrès, un concert avait lieu avec le baryton Ernesto Bauer et la soprano Eugenia Fuente, accompagnés d'un orchestre de 60 adolescents. Là même, l'hymne national devait être chanté à 20H25 (23H25 GMT), heure de sa mort.

Evita Peron, vénérée par des millions de personnes, est un mythe toujours aussi puissant en Argentine 60 ans après sa mort, nourri par sa fulgurante ascension sociale jusqu'au sommet du pouvoir, le vote des femmes qu'elle aura obtenu et sa lutte en faveur des déshérités.