Enrique Peña Nieto, le candidat du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), a été déclaré officiellement vainqueur vendredi de la présidentielle du Mexique mais la gauche s'apprête à demander l'annulation d'un scrutin marqué selon elle par de graves irrégularités.

Selon les résultats définitifs de l'Institut fédéral électoral (IFE), le candidat du PRI obtient 38,21 % des voix, devant le candidat de la gauche, Andres Manuel Lopez Obrador, crédité de 31,59 %.

Josefina Vazquez Mota, candidat du Parti action nationale (PAN, conservateur) du président sortant Felipe Calderon, obtient 25,41 % des suffrages.

48 heures de recomptage

Ces résultats ont été annoncés après un nouveau comptage durant 48 heures portant sur plus de la moitié des 143 144 urnes du pays.

La différence finale de 6,62 % entre les deux premiers contredit la plupart des sondages qui avaient annoncé tout au long de la campagne une différence de 10 à 17 % entre Peña Nieto et son suivant immédiat.

Le candidat de la gauche a annoncé d'avance son rejet des résultats des élections en affirmant lors d'une conférence de presse jeudi que le PRI avait « acheté des millions de votes ».

En 2006, M. Lopez Obrador avait déjà dénoncé une fraude dans le scrutin présidentiel perdu par 0,56 % de différence avec l'actuel président sortant Felipe Calderon. Ses partisans avaient bloqué pendant plus de six semaines le centre de la capitale. Mais le candidat de la gauche a assuré que, cette fois-ci, sa protestation serait pacifique et se situerait sur le terrain légal.

Calderon entre dans la danse

Le président sortant Felipe Calderon, qui avait reconnu la victoire du PRI dès dimanche soir, a admis vendredi dans une interview que les autorités électorales devaient enquêter sur d'éventuelles irrégularités.

« Les accusations portent sur l'usage de ressources (financières) indues qui génèrent une inégalité. Si cela n'est pas traité de manière adéquate, il y aura des raisons pour ne pas accepter (le résultat) ou au moins de protester », a dit le président sortant, en fonction jusqu'au 30 novembre.

La gauche assure que le PRI, qui a gouverné le Mexique de manière hégémonique de 1929 à 2000 et qui contrôlait avant la présente élection 20 des 31 États fédérés du Mexique, a utilisé d'importantes sommes d'argent public pour financer sa campagne électorale, dans des proportions bien supérieures à celles autorisées par la loi.

Ces sommes auraient notamment été utilisées pour des achats massifs de vote, par l'intermédiaire de bons d'achat dans la chaîne de supermarchés Soriano généreusement distribués à des « millions » d'électeurs.

Preuves ou montages ?

Pour appuyer ces accusations, la gauche aurait à sa disposition de nombreuses images vidéos montrant ces personnes accourant dans ces supermarchés au lendemain des élections pour vider les éventaires.

« On peut affirmer ce que l'on veut, encore faut-il présenter des preuves », a dit Enrique Peña Nieto dans un entretien au quotidien espagnol El Pais.

La direction du PRI a déposé une plainte devant le ministère public en affirmant que les vidéos montrées par la gauche étaient en réalité un « montage ».

L'ensemble des résultats des élections mexicaines du 1er juillet - présidentielle, législatives, ainsi que de certains États ou municipalités - doit être transmis officiellement dimanche par l'IFE au Tribunal fédéral électoral (TRIFE). Ce dernier a jusqu'au 6 septembre pour proclamer les résultats.

Les chances d'annulation du scrutin sont faibles selon les analystes politiques, car il faudrait selon la loi prouver la fraude dans 25 % des urnes de tout le Mexique et le fait qu'elles ont pu provoquer l'avance de quelque 3,4 millions de voix d'avance du premier candidat sur le deuxième.