Le nouveau président du Paraguay a promis samedi d'honorer les engagements du pays à l'étranger, de respecter la propriété privée, de collaborer avec les autres leaders latino-américains pour minimiser les impacts diplomatiques et ainsi tenter d'éviter de faire de son pays un paria régional.

Au cours d'une brève apparition devant des journalistes internationaux, Federico Franco a tenté de refléter une image de normalité au Paraguay, au lendemain d'un vote où les parlementaires ont massivement approuvé la destitution du président Fernando Lugo, un ancien prêtre catholique.

M. Franco a rappelé avoir été élu par un vote populaire en 2008 au titre de vice-président, ajoutant que l'activité au pays était normale et qu'il n'y avait pas de protestations.

Ses deux premières nominations au nouveau gouvernement ont été celles du ministre de l'Intérieur, Carmelo Caballero, ainsi que du ministre des Affaires étrangères, Jose Felix Fernandez.

Le premier devra tenter de maintenir le calme dans ce pays pauvre enclavé de l'Amérique du Sud, tandis que le second participera sous peu à des rencontres régionales et tenter d'apaiser les craintes des États voisins quant à ce changement de gouvernement.

«Notre ministre des Affaires étrangères se rendra en Argentine, au Brésil et en Uruguay pour y rencontrer les autorités et leur expliquer qu'il ne s'agit pas ici de violation de la démocratie. La passation des pouvoirs via un procès politique est établie dans la Constitution», a déclaré M. Franco.

Vendredi, le Sénat du Paraguay avait voté, à 39 voix contre 4, pour démettre le président Lugo un peu plus d'un an avant la fin de son mandat de cinq ans. M. Franco a pris le relais en prêtant serment peu de temps après. L'expulsion du président Lugo a attiré la condamnation des autres leaders de l'Amérique latine, qui l'ont qualifié de coup d'État. Plusieurs dirigeants ont par ailleurs fait savoir qu'ils tenteraient d'obtenir l'expulsion du Paraguay des blocs régionaux.

En soirée, samedi, la présidente de l'Argentine Christina Kirchner a annoncé le retrait de son ambassadeur au Paraguay, citant de «graves événements institutionnels», en plus d'affirmer que le no. 2 de l'ambassade demeurerait en charge «jusqu'à ce que l'ordre démocratique soit rétabli dans ce pays».

Des critiques sont également parvenues de gouvernements conservateurs de la région, pas seulement de gouvernements de gauche.

Selon le Chili, le départ de M. Lugo «ne respecte pas les normes minimales de l'application de la loi».

Le départ de M. Lugo ne s'apparente pas à un processus mûrement réfléchi, a fait valoir un expert du centre de recherches Washington Office spécialisé dans les affaires de l'Amérique latine, Adam Isacson. Selon lui, cela démontre plutôt qu'on peut expulser un président pour la simple raison que sa personne ou ses décisions ne sont pas populaires.

La chambre basse du Congrès paraguayen avait voté en faveur de la destitution du président, jeudi. Le Sénat l'a ensuite jugé pour «malfaisance» dans des fonctions, en lien avec une confrontation violente entre la police et des paysans sans terre qui a fait 17 morts la semaine dernière.

Le Paraguay a une longue histoire d'instabilité politique. Fernando Lugo a été élu il y a quatre ans en promettant d'aider les pauvres, mais les alliés de son gouvernement modéré se sont tour à tour retournés contre lui.