Le président paraguayen Fernando Lugo a déposé vendredi un recours en inconstitutionnalité devant la Cour suprême pour tenter de freiner la procédure expresse de destitution votée la veille par la Chambre des députés, a annoncé son avocat.    

Le procès politique de destitution décidé jeudi par une large majorité des députés contre le président « ne respecte pas le processus prévu », a affirmé à la presse Adolfo Ferreiro, l'avocat du président.

« Le président Lugo demande à la Cour de suspendre le procès politique jusqu'à ce que lui soient fournies les garanties constitutionnelles pour sa défense », a ajouté M. Ferreiro.

Selon l'avocat, la loi prévoit que « le délai pour préparer une défense est de 18 jours ».

L'ancien évêque de 61 ans élu en 2008 a été convoqué vendredi à 12 h pour présenter sa défense devant le Sénat. La chambre haute doit avaliser la démarche entamée par la Chambre des députés qui accuse M. Lugo d'avoir « mal rempli ses fonctions » à la suite des récents heurts sanglants entre policiers et paysans sans terre.

À partir de 14 h 30, les arguments seront étudiés, avant une session extraordinaire prévue à 16 h 30, pour statuer sur le sort du président, qui ne compte que cinq partisans sur les 45 membres du Sénat.

Le président Lugo, lâché par ses anciens alliés, notamment libéraux, a dénoncé jeudi une « attaque sans pitié de secteurs qui se sont toujours opposés au changement », ses partisans évoquant d'ores et déjà un coup d'État déguisé.

Jeudi soir, les huit principaux ministres des Affaires étrangères de l'Union sud-américaine des nations (UNASUR) sont arrivés au Paraguay avec pour mission de défendre le président Lugo.

En outre, les États-Unis ont demandé jeudi que le processus du jugement politique mis en oeuvre par le congrès paraguayen soit respecté « scrupuleusement ».

M. Lugo, qui vient d'être soigné avec succès d'un cancer du système lymphatique, a déjà annoncé qu'il ne se représenterait pas à l'élection d'avril 2013. Auparavant surnommé « l'évêque des pauvres », il avait été élu en 2008 avec l'appui d'une coalition de partis, principalement de gauche.

En cas de destitution, il serait remplacé par son vice-président, Federico Franco, dirigeant du Parti libéral.