Une radio proche des FARC, dont le site en ligne a publié vendredi un communiqué présumé de la guérilla marxiste évoquant une possible reddition en Colombie, a démenti samedi ce message et affirmé avoir été victime d'un piratage.

Selon le portail de la radio colombienne Cafestereo (www.radiocafestero.nu), les auteurs de ce canular ont même réussi à modifier les codes de l'administrateur du site, «rendant impossible une correction rapide de l'information».

Dans ce message, soi-disant signé par la direction des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), la principale guérilla du pays n'excluait pas de «déposer les armes», à la suite d'un projet de loi gouvernemental.

En cours d'examen au parlement colombien, ce texte prévoit notamment des dispenses d'exécution de peine pour les guérilleros repentis ainsi que pour des soldats.

«Qui a les moyens pour payer des pirates et prétendre donner une légitimité à une loi faite pour protéger des terroristes de l'État ? Qui prétend continuer à tromper la Colombie et le monde ? «, a réagi le site de la radio Cafestero.

Le message avait été posté sur son portail puis repris par l'agence ABP (Agence bolivarienne de presse), proche des rebelles, mais il n'avait pas été publié sur le site officiel de la guérilla (www.FARC-ep.co), récemment réactivé après avoir été la cible d'un piratage.

Le président colombien Juan Manuel Santos, qui avait annoncé la veille avoir lancé une enquête pour vérifier son «authenticité», a lui-même confirmé, lors d'une déclaration publique samedi, que ce message était un «faux communiqué».

M. Santos avait par ailleurs prévenu d'avance les FARC qu'il ne se contenterait pas de «belles paroles» pour faire la paix.

La véracité du message avait aussi été mise en doute par des secteurs de la gauche à l'image de l'ex-sénatrice Piedad Cordoba, médiatrice de longue date auprès de la guérilla.

L'ONG «Colombiens et Colombiennes pour la paix», dirigée par Mme Cordoba, a demandé, samedi dans un communiqué, aux FARC de «ratifier» ou «rectifier» ce message qui suscite des «doutes».

Fondée en 1964, la guérilla, qui s'oppose régulièrement avec le gouvernement sur les modalités d'un dialogue de paix, compte encore 9.200 combattants repliés dans les régions de montagne et de forêt.

En février, elle s'était engagée à renoncer aux enlèvements contre rançon avant de libérer, en avril, les derniers policiers et militaires retenus en otage puis, en mai, le journaliste français Roméo Langlois, capturé lors d'un reportage avec l'armée.

Toutefois, le groupe rebelle n'a jamais parlé de démobilisation. Son chef Rodrigo Londoño, connu sous le nom de guerre de Timoleon Jimenez, avait même souligné dans une lettre datée d'avril qu'une négociation n'impliquait «aucune sorte de reddition».