L'issue de l'élection présidentielle mexicaine du 1er juillet pourrait s'avérer plus incertaine que prévu, l'avance considérable de Enrique Peña Nieto, candidat de l'ancien parti hégémonique, s'étant réduite au profit du candidat de gauche, Andres Manuel Lopez Obrador.

Battu d'un rien en 2006, M. Lopez Obrador était jusqu'à ces derniers jours en troisième position des intentions de vote, parfois 20 points derrière M. Peña Nieto, du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), au pouvoir du 1929 à 2000, qui grimpait jusqu'à 45 % dans les sondages, et demeurait au coude à coude avec Josefina Vazquez, candidate du Parti d'action national (PAN, du président sortant Felipe Calderon).

Mais l'irruption dans une pâle campagne électorale de milliers d'étudiants mobilisés contre le retour aux affaires d'un parti souvent associé à la corruption et à la collusion avec les grands médias, ainsi que la rencontre entre les candidats et des associations de victimes de la violence qui ravage le pays ont favorisé une remontée spectaculaire du candidat de gauche.

«Ils (le PRI) sont nerveux parce que notre mouvement va de l'avant, va grandissant, et le candidat soutenu» par le pouvoir économique et médiatique «est en train de chuter», a assuré lors d'une récente réunion M. Lopez Obrador, ancien maire de Mexico, âgé de 58 ans, membre du Parti de la révolution démocratique (PRD).

La dernière enquête d'opinion disponible, publiée jeudi par l'influent quotidien Reforma, lui attribue 34 % des intentions de vote, contre 38 % à M. Peña Nieto, ancien gouverneur de l'État de Mexico. Jusqu'alors, toutes les enquêtes donnaient un minimum de 15 points d'avance à M. Peña Nieto.

Celui-ci semblait alors s'acheminer sans encombre vers la présidence d'un pays aux bons résultats macroéconomiques mais ravagé par la violence, qui a fait plus de 50.000 morts depuis l'arrivée au pouvoir de Felipe Calderon, fin 2006, et le lancement d'une offensive militaire contre les narcotrafiquants.

«Il apparaît clairement dans toutes les enquêtes que M. Peña Nieto perd des points, que M. Lopez Obrador en gagne et que Josefina s'installe en 3e place», analyse José Antonio Crespo, du Centre de recherche en enseignement économique.

Dans les rangs du PRI, on affiche toutefois sa confiance, en soulignant que le candidat fait toujours la course en tête, tout en dénonçant «une guerre sale» menée contre lui.

Depuis quelques jours, des étudiants, rassemblés sous la bannière du groupe «Je suis le 132», se mobilisent sur la toile et dans la rue pour dénoncer ce qu'ils qualifient de manipulation médiatique visant à imposer la victoire de M. Peña Nieto et ont accusé le candidat, âgé de 45 ans, de corruption.

M. Lopez Obrador, à qui beaucoup avaient reproché d'avoir bloqué Mexico durant des semaines pour contester sa défaite en 2006, s'affiche désormais en candidat modéré, chantre de la «république amoureuse».

Il se trouve «à un point que les analystes américains appellent «momentum», et s'il parvient à capitaliser sur cette situation, «alors, c'est autre chose», estime Jose Carreño, chercheur au Centre de dialogue et d'analyse sur l'Amérique du Nord de Monterrey, qui juge que sa stratégie de recentrage associée au rejet du candidat du PRI pourrait multiplier les chances de la gauche.

Quasiment 80 millions de Mexicains sont convoqués aux urnes le 1er juillet, pour ce scrutin à un tour devant désigner le président et les députés.