Un attentat à la bombe visant un ex-ministre a fait au moins cinq morts et 17 blessés mardi matin à Bogota, la capitale de la Colombie, ravivant le cauchemar du terrorisme dans ce pays en proie à un conflit armé depuis un demi-siècle.

Cet attentat non revendiqué, le premier commis depuis deux ans dans cette ville de sept millions d'habitants, avait pour cible un ancien ministre de l'Intérieur, Fernando Londoño, qui a survécu à l'explosion.

La déflagration d'un engin de forte puissance s'est produite en fin de matinée, vers 11H00 (16H00 GMT), sur un axe important du nord de la ville, causant des scènes de panique dans ce quartier animé, où se trouvent de nombreux commerces et des universités.

«Je ne sais pas quel est leur but, mais soyez absolument sûrs que le gouvernement ne va pas se laisser déstabiliser par des actes terroristes», a affirmé le président colombien Juan Manuel Santos dans une allocution prononcée au palais présidentiel.

«Le terrorisme ne va pas nous intimider. Au contraire il nous remplit de courage pour aller de l'avant», a poursuivi le chef de l'État.

L'ancien ministre qui circulait dans une voiture blindée a échappé à la mort dans l'attentat qui a tué son chauffeur et un garde du corps.

Il a été «criblé d'éclats» mais il est «resté conscient» et «son état est stable», a confié un militaire colombien à l'AFP, sous couvert de l'anonymat.

L'explosion a provoqué la mort d'au moins cinq personnes, a précisé à l'AFP Carlos Giraldo, un responsable de la délégation colombienne de la Croix-Rouge. «Selon nos informations, il y a cinq personnes tuées et 17 blessées», a-t-il dit.

L'explosion, qui a détruit une vingtaine de véhicules, se serait produite à bord d'une camionnette de transport public, selon des témoins.

«Cela a été terrible. J'ai entendu une explosion et j'ai vu un corps coupé en deux. Et puis l'escorte du ministre en train de le sortir, comme saoul, de sa voiture», a raconté à l'AFP Camilo Suan, un étudiant en photographie.

«Ici, quand quelqu'un sort de chez lui, il ne sait pas s'il rentrera», a lancé une femme, un enfant dans ses bras, alors que les autorités ont évacué le quartier, rapidement envahi par les services de secours et les voitures de pompiers.

Quelques heures avant l'explosion, la police avait annoncé avoir déjoué un attentat à la voiture piégée devant son siège à Bogota, une tentative attribuée à la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc).

En revanche, les autorités n'ont encore pas désigné les auteurs de l'attentat de mardi, jour de l'entrée en vigueur d'un traité de libre échange entre la Colombie et les États-Unis.

«On est en train de tout analyser, quand on aura des hypothèses concrètes, on les fera connaître», a réagi le ministre de la Défense, Juan Carlos Pinzon, interrogé sur la piste des Farc.

Ministre de l'Intérieur et de la Justice entre 2002 et 2004, M. Londoño, 67 ans (BIEN 67), est réputé comme un ardent partisan de la politique de fermeté à l'égard de cette guérilla marxiste, menée sous le précédent gouvernement dirigé par Alvaro Uribe (2002-2010).

Fondé en 1964, le groupe rebelle compte encore quelque 9.200 combattants, repliés dans les régions rurales du pays, après avoir été chassés des villes dans les années 2000, à la suite d'une série de revers militaires qui ont divisé leurs troupes de moitié en dix ans.

Malgré leur affaiblissement, les guérilleros n'ont jamais cessé les attaques contre l'armée ou les attentats dans des villages, mais leur dernier attentat dans la capitale colombienne remontait au 12 août 2010.

L'explosion d'une voiture piégée s'était alors produite deux jours après l'investiture de M. Santos, ancien ministre de la Défense de M. Uribe, faisant neuf blessés et d'importants dégâts.