L'ex-président conservateur Vicente Fox, qui mit fin en 2000 à 71 années d'hégémonie au Mexique du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI) prévoit le retour de ce parti au pouvoir en mettant en cause la politique de son successeur et compagnon de parti, Felipe Calderon.

Fox répète qu'il existe des «évidences» d'une victoire du candidat du PRI, Enrique Pena Nieto, le 1er juillet après deux gouvernements successifs du Parti action national (PAN, conservateur).

Celui qui fut président de 2000 à 2006 considère que seul «un miracle» pourrait sauver la candidate du PAN, Josefina Vazquez Mota, donnée loin derrière Pena Nieto dans les sondages.

Selon la dernière enquête de l'institut Mitofsky, Mme Mota est créditée de 29% des intentions de vote, contre 48% au candidat du PRI. Le candidat de la gauche, Andre Manuel Lopez Obrador, est troisième avec 23%.

«Mes voeux accompagnent mon parti, le PAN, avec Josefina, mais je suis un peu inquiet de la situation dans laquelle nous nous trouvons et crains que nous finissions par perdre (...) Seule une idée miraculeuse, une action véritable en dehors de toute forme de routine, pourrait modifier les choses», a dit Fox dans une interview.

La sortie de la «routine» telle qu'il la conçoit, Fox en a donné une idée avec un texte au vitriol publié dans le journal El Universal, au lendemain de la visite du pape au Mexique, fin mars.

Dans ce texte, l'ex-président, partisan de la dépénalisation de la drogue, tirait un bilan totalement négatif de la guerre engagée par Felipe Calderon contre les narcotrafiquants dès son arrivée au pouvoir en décembre 2006, avec l'appui de l'armée. Le bilan encore provisoire des affrontements liés aux trafics de drogue et comprenant un nombre indéterminé de victimes civiles se monte à au moins 50 000 morts en cinq ans.

«Est-ce que cette guerre a diminué la consommation des drogues (...)? Le nombre d'homicides et de crimes (...)? Le nombre de violations des droits de l'homme (...)? (Amélioré) l'accès à des procès équitables (...)? Est-ce que cette guerre a augmenté les saisies de drogues?» Après chacune de ces questions, Fox écrivait, comme une litanie: «La réponse est non».

Selon le politologue José Antonio Crespo, du Centre de recherches et d'enseignement économiques (CIDE), la relation entre Fox et Calderon «n'a jamais été bonne, surtout en raison des critiques contre la stratégie antidrogue» de l'actuel président.

«Cela n'est pas conjoncturel, cela fait plus d'un an que Fox est devenu le principal promoteur de Pena Nieto à l'extérieur du PRI. Mais il le fait pour être bien avec lui et élargir son impunité». Selon Crespo, Fox veut en effet éviter tout ennui judiciaire avant un retour du PRI au pouvoir, en raison des différentes accusations de corruption à son encontre.

L'hebdomadaire Proceso a fait sa couverture cette semaine avec la photo de l'ancien président accompagnée du titre: «La Trahison de Fox».

À Leon, ville du centre du Mexique où Fox est enregistré comme membre du PAN, le dirigeant local du parti gouvernemental, Arturo Falcon, a estimé que cette situation pourrait aboutir à une procédure disciplinaire à l'encontre de l'ancien président.

«Tout militant qui porte préjudice au parti (...) peut être l'objet d'une sanction. Cela est valable pour tous les militants, membres actifs et adhérents, y compris Vicente Fox», a souligné Falcon cette semaine devant la presse locale.