Le pape Benoît XVI a prié samedi à Leon devant une image de la Vierge de Guadalupe, patronne de l'Amérique latine, avant d'adresser un message aux enfants du continent, leur demandant d'être fidèles à l'héritage chrétien, au deuxième jour de sa visite au Mexique.

Le chef de l'Église catholique a décidé de développer pendant les trois jours de son premier voyage dans ce pays, deuxième au monde par le nombre de catholiques, ses priorités exprimées dès son arrivée, qui valent pour le Mexique, mais aussi pour tout le continent: un double appel à la liberté religieuse et à la défense de «l'inégalable dignité de toute personne humaine».

Le pape, âgé de 84 ans, s'est reposé samedi matin au Collège de Miraflores de Leon après un voyage de 14 heures en avion qu'il a apparemment bien supporté.

Il a célébré sa messe quotidienne dans la chapelle et a prié la Vierge, pour lui demander de protéger l'Amérique latine, a indiqué le Vatican.

Selon le porte-parole du Saint-Siège, le père jésuite Federico Lombardi, le pape est en bonne forme, heureux de l'accueil chaleureux qu'il a reçu. «Il a bien dormi et a travaillé tranquillement à ses discours avec ses collaborateurs», a-t-il expliqué.

«Benoît XVI espère toujours que ses paroles soient bien comprises», a-t-il expliqué à des journalistes.

Dans l'après-midi, le pape devait se rendre à Guanajuato, capitale de l'État du même nom où se trouve Leon, pour une visite de courtoisie au président conservateur Felipe Calderon.

Parallèlement, le secrétaire d'État (numéro deux du Vatican) Tarcisio Bertone devait rencontrer plusieurs ministres, dont le chef de la diplomatie, Patricia Espinosa.

Du balcon de la Casa del Conde Rul, où auront lieu ces entretiens, le pape devait adresser un message aux jeunes générations de l'Amérique latine, en s'adressant à des centaines d'enfants mexicains.

Tout l'État du Guanajuato, bastion traditionnellement catholique, s'est mobilisé pour accueillir le pape allemand, qui a affirmé être allé en Amérique latine sur les traces du très populaire Jean Paul II.

Le moment culminant de la visite de trois jours devait être la messe dimanche dans le Parc du Bicentenaire des indépendances, à Silao près de Leon, où des centaines de milliers de Mexicains sont attendus.

Les relations entre l'Église et l'État ne sont pas faciles au Mexique, et les premières déclarations de Benoît XVI ont été pour encourager un dialogue et la reconnaissance du rôle propre de l'Église.

Le pape, attaché aux traditions rigoureuses de l'Église sur les moeurs, constate par ailleurs les évolutions qui se produisent au Mexique comme ailleurs: la ville de Mexico et 14 Etats autorisent ou dépénalisent l'avortement. Les unions homosexuelles sont revendiquées comme droit légitime. Ces questions divisent les Mexicains qui doivent élire un nouveau président en juillet.

Ces questions faisaient partie des préoccupations du pape quand il a affirmé vendredi sur l'aéroport de Silao qu'«aucun pouvoir» n'avait le droit de «déprécier» «l'inégalable dignité de toute personne humaine, créée par Dieu».

Selon lui, certains catholiques ont perdu une vision claire de Dieu. D'où la revendication que le thème de Dieu soit présent dans la société: la dignité de la personne humaine «s'exprime de manière éminente dans le droit fondamental à la liberté religieuse», a-t-il insisté.

Ces thèmes pourraient être abordés entre lui et le président Calderon, alors que la Chambre de députés a approuvé un amendement constitutionnel qui permet de faire des actes liturgiques hors les églises et de diffuser ses messages par les médias, un texte qui doit encore passer au Sénat.

Quant à la guerre contre le trafic de drogue qui a fait 50.000 morts en cinq ans, elle sera un autre thème du voyage du pape.

Beaucoup de catholiques mexicains attendent une condamnation directe et énergique des chefs de cartels de la drogue qui se disent pour certains catholiques. Le pape a déjà jugé que les catholiques avaient une «grande responsabilité» pour «démasquer» les «mensonges» de ce monde criminel.

Lundi, le pape est attendu à Cuba, où, a-t-il dit, les catholiques doivent «aider à un dialogue constructif» avec le régime communiste, mais où «l'Église est toujours du côté de la liberté de conscience, de la liberté de religion».