La première chambre de la Cour suprême du Mexique a rejeté mercredi la proposition de libération immédiate de la Française Florence Cassez, mais elle devra de nouveau se réunir faute d'avoir d'avoir pu dégager une majorité sur l'issue à donner à ce dossier.

Deux juges se sont prononcés en faveur de la libération de la Française, deux contre et un pour un procès en révision. La première chambre devra donc encore statuer sur ce dossier après la rédaction d'un nouveau rapport par un autre de ses cinq juges.

«Le contenu de la proposition n'ayant pas atteint le nombre de voix nécessaires, elle sera confiée à un autre juge» de la première chambre, a indiqué à l'issue du vote le juge Arturo Zaldivar, rédacteur du rapport qui proposait une «libération immédiate et absolue» de Florence Cassez.

Aucune date n'a été fixée pour une nouvelle audience des cinq juges.

Arrêtée en décembre 2005 et accusée d'enlèvements, délinquance organisée et port d'armes prohibées, la Française de 37 ans a été condamnée après trois jugements défavorables successifs à 60 ans de prison.

Le 9 décembre, la police fédérale avait mis en scène devant les caméras de télévision l'arrestation de Florence et de son ancien compagnon Israel Vallarta, et la libération de trois otages, un montage présenté comme une transmission «en direct».

Selon le juge Zaldivar, cette mise en scène ne correspondant pas à la réalité a «totalement entaché la procédure». Le juge a aussi dénoncé une violation des droits consulaires de la Française et sa non mise à disposition immédiate devant le ministère public.

L'avocat mexicain de Florence Cassez, Agustin Acosta s'est déclaré optimiste sur l'issue du dossier, assurant qu'au bout du compte, «la condamnation sera annulée».

«Elle ne va pas sortir libre aujourd'hui, mais le débat est rouvert et personne ne va pouvoir continuer à dire que c'est une femme condamnée», a-t-il déclaré à la télévision.

Me Acosta a par ailleurs indiqué à l'AFP qu'il avait parlé par téléphone à Florence Cassez pour lui expliquer les résultats de la délibération de la Cour. «Je viens de lui dire que nous sommes encore dans le combat. Je sais qu'elle est forte, qu'elle a le coeur et l'esprit pour le poursuivre».

A Paris, sa mère, Charlotte Cassez, a déclaré ressentir «une colère énorme, je suis extrêmement triste, déçue, choquée. On est reparti pour des mois» d'attente, a-t-elle affirmé à des journalistes.

«C'est affreux (...) Je préfère peut être presque ne pas l'avoir aujourd'hui» au téléphone «parce que c'est dur, parce que je n'ai pas envie de pleurer», a-t-elle ajouté.

«On ne peut pas lâcher l'espoir, on ne peut pas lâcher le combat, il faut encore continuer à lutter», a-t-elle a cependant souligné.

Bernard Cassez, père de Florence, est arrivé mercredi après-midi à la prison de Tepepan, au sud de Mexico, peu avant la décision de la première chambre. Il n'a fait aucune déclaration. Il s'était rendu «secrètement» au Mexique alors que la famille de la Française avait annoncé qu'elle ne ferait pas le voyage.

Dans le camp des détracteurs de la Française, le vote de la Cour a été accueilli avec satisfaction par la dirigeante l'organisation «Halte aux enlèvements», Isabel Miranda de Wallace, candidate du parti présidentiel à la mairie de Mexico.

«Aujourd'hui, nous les victimes sommes confiantes qu'en fin de compte prévaudra la justice et que n'est pas sortie libre une personne accusée d'enlèvement», a-t-elle déclaré à la presse.

Des groupes de manifestants en faveur et contre la libération de la Française étaient regroupés autour de la Cour suprême pendant ses délibérations. Aucun incident n'a été rapporté.

Le président mexicain Felipe Calderon était intervenu dans le débat en début de semaine en s'opposant implicitement à une libération de la Française au nom du «droit des victimes».

Dans la matinée, lors d'une cérémonie à laquelle assistait le président mexicain Felipe Calderon, le président de la Cour suprême Juan Silva Meza lui avait répondu en soulignant la nécessité du respect des décisions de la Cour suprême notamment en matière de défense et droits de l'homme, qui exigent qu'au Mexique «règnent la justice et l'égalité et non pas l'arbitraire».