Interpellations d'une cinquantaine d'opposantes du groupe des Dames en Blanc, évacuation d'une église occupée par d'autres dissidents: la tension est montée d'un cran à Cuba entre opposition et autorités à une semaine de la visite dans l'île du pape Benoît XVI.

Épouses et proches de prisonniers politiques, les Dames en Blanc ont été interpellées dimanche à la sortie de leur réunion hebdomadaire à la messe de l'église Sainte Rita, sur la très huppée 5e avenue du quartier diplomatique de Miramar, dans l'ouest de la capitale cubaine.

Alors que tous les dimanches, elles défilent aux abords de l'église, vêtues de blanc et fleurs à la main, elles ont entamé dimanche une descente le long de cette avenue vers le centre de La Havane, pour protester contre des arrestations «préventives» dont certaines d'entre elles avaient été l'objet pour les empêcher de se rendre à l'église.

Quelques pâtés de maisons plus loin, avant le tunnel qui débouche sur le centre de La Havane, une rapide opération policière a été montée pour les interpeller.

Au total, une cinquantaine d'entre elles ont été arrêtées, avant ou après la messe dominicale. Toutes ont été libérées quelques heures plus tard. Certaines d'entre elles ont été «déportées» vers leur domicile d'origine, en province.

Une semaine avant l'arrivée à Cuba du pape, ces interpellations illustrent les craintes de l'Église qui avait mis en garde ces derniers jours contre une politisation d'une visite que les autorités catholiques veulent strictement «pastorale».

«Il y a sûrement un risque, car en l'absence de groupes ou de partis indépendants, certains aspirent à voir l'Église se transformer en catalyseur de changements radicaux à Cuba», avait expliqué Orlando Marquez dans un article publié le 2 mars par le site internet de la Conférence des évêques de Cuba.

«Ce qui importe, c'est que le gouvernement et l'Église sachent que ces pressions sont hors sujet et qu'ils maintiennent le dialogue, un dialogue au service de la société, de ses besoins et de ses demandes naturelles», concluait-il.

Église catholique et autorités communistes se sont entendues la semaine dernière pour résoudre pacifiquement une situation de crise potentielle avec l'occupation par des dissidents d'une église du centre de La Havane.

Treize militants du Parti républicain de Cuba (PRC), une organisation peu connue dans les milieux d'opposition, avaient occupé mardi la basilique Notre Dame de la Charité pour exiger que le pape prenne en considération leurs revendications: libération des prisonniers politiques, arrêt de la répression contre les opposants et liberté d'expression et d'association notamment.

Quarante-huit heures plus tard, «à la demande du cardinal Jaime Ortega», la police est intervenue pour déloger les treize militants de l'église. Les autorités religieuses avaient souligné que les policiers n'étaient pas armés et avaient obtenu qu'aucune poursuite judiciaire ne soit engagée contre les huis hommes et cinq femmes du PRC.

La plupart des autres opposants, dont les Dames en Blanc, avaient désapprouvé l'action des occupants de l'église, mais avaient également dénoncé la collusion entre les autorités cubaines et l'Église catholique qui souhaite avant tout que la visite de Benoît XVI vienne renforcer le rôle social qu'elle s'efforce de développer alors qu'elle ne regroupe qu'environ 10% des 11,2 millions de Cubains.