Près de mille soldats et une quarantaine de policiers d'élite ont encerclé lundi le siège du Parlement de Salvador de Bahia (nord-est du Brésil) où s'est retranché un groupe de policiers militaires en grève avec leurs familles.

Selon la presse locale, la grève des policiers militaires -(PM, chargés du maintien de l'ordre au Brésil)- entamée il y a six jours pour réclamer de meilleurs salaires a entraîné une vague de pillages et de braquages à main armée et au moins 89 homicides, la plupart à Salvador, la capitale de l'État, à deux semaines du carnaval qui attire des dizaines de milliers de touristes.

Le dirigeant de la grève, Marcos Prisco, a prévenu lundi que son groupe «résisterait» et que «si l'armée envahissait le bâtiment, il pourrait y avoir une catastrophe», d'après le site G1 de O Globo.

Lundi matin des proches des grévistes ont tenté de forcer le cordon de sécurité de l'armée mais ont été repoussés avec des balles en caoutchouc, selon des images montrées par la TV Globo News.

Quarante hommes du Commando des opérations tactiques (COT) sont arrivés dimanche soir à Salvador, l'une des douze villes hôtes de la Coupe du monde de football 2014.

Ces policiers d'élite ont onze mandats d'arrêt contre les dirigeants grévistes retranchés dans le parlement.

Les autorités ont ordonné l'arrestation de douze leaders du mouvement de grève, dont l'un a été interpellé dimanche pour «incitation à la violence, formation de bandes organisées et vol de biens publics», a indiqué le gouvernement de l'État de Bahia.

3500 militaires de l'armée de terre, de la Marine et de la Force nationale de sécurité ont été envoyés depuis vendredi dans cet Etat pour rétablir la sécurité, à la suite du refus des policiers de mettre un terme à leur grève, déclarée illégale par la justice.

«Je ne peux pas contrôler la réaction» des policiers grévistes, a dit le leader des grévistes à G1.

«Cela pourra être une troupe armée contre un autre troupe armée», a menacé le leader Prisco.

«Ce sont des dizaines de policiers armés qui demandent une amnistie (pour les dirigeants grévistes) et qui ont occupé une partie du parlement de Salvador depuis mercredi, quand a commencé la grève» pour de meilleurs salaires, a expliqué à l'AFP Robinson Almedia, porte-parole du gouvernement de Bahia, le quatrième État le plus peuplé du Brésil avec 13,6 millions d'habitants.

La grève, suivie selon les autorités par un tiers des 31 000 policiers, a entraîné une recrudescence des meurtres et des agressions.

Samedi, le gouverneur de Bahia, Jaques Wagner, a affirmé qu'une partie des crimes de ces derniers jours avaient pu être commis «sur ordre des criminels qui se sont autoproclamés chefs du mouvement (de grève)».

Les troupes fédérales poursuivaient lundi leur déploiement en des points stratégiques de Salvador et effectuaient des contrôles sur la voie publique et des patrouilles sur les plages.

Le nombre des victimes d'agressions ayant entraîné la mort a doublé par rapport à la même période de l'an dernier, selon Agencia Brasil.

En 2001, la police militaire de Bahia avait déjà observé une grève d'une semaine pour réclamer une augmentation de salaires.

«Il y a deux jours que je ne sors pas de mon appartement, je ne veux pas courir le risque d'être agressé», a dit à la presse, l'industriel italien Marco Baghin.