La présidente brésilienne, Dilma Rousseff, a appelé à changer de «modèle de développement» aussi bien dans les pays riches que dans les pauvres, dans le cadre des débats du Forum social qui réunit des milliers d'altermondialistes à Porto Alegre (sud du Brésil).

Ce forum «thématique» qui prendra fin dimanche prépare notamment le Sommet des peuples que les mouvements sociaux organiseront en marge de Rio+20 (13-22 juin), la conférence de l'ONU sur le développement durable, 20 ans après le premier Sommet de la Terre.

«La tâche qui nous incombe ici et à Rio+20, c'est de déclencher un mouvement de rénovation des idées et de nouveaux processus, absolument nécessaires pour faire face aux jours difficles que vit une grande partie de l'humanité», a dit jeudi soir la présidente devant plus de 4000 participants.

«Ce qui sera en jeu à Rio+20, c'est un modèle de développement qui allie croissance et création d'emplois, lutte contre la pauvreté et réduction des inégalités (...) utilisation et préservation des ressources naturelles», a ajouté Mme Rousseff qui présidera en juin Rio+20.

La présidente a pointé du doigt les effets négatifs de la crise qui touchent les pays développés: concentration des revenus, augmentation de la pauvreté, explosion du chômage et de la pauvreté.

Elle a critiqué aussi les conséquences sociales «néfastes» des mesures fiscales appliquées dans certains pays développés.

«Le chômage et l'inégalité sociale sont particulièrement cruels quand il s'agit de nations riches qui ont conquis des droits et (...) ils touchent surtout les jeunes, les femmes et les immigrés», a-t-elle ajouté en faisant l'éloge de certains pays sud-américains qui ont opté pour des modèles «progressistes» de réduction de la pauvreté.

«La dissonance entre la voix des marchés et celle de la rue semble augmenter de plus en plus dans les pays développés et menace non seulement les conquêtes sociales mais aussi la démocratie», a-t-elle ajouté en appelant les mouvements sociaux à avoir une large participation à Rio+20.

Ex-guerilléra torturée sous la dictature (1964-85), Dilma Rousseff, 64 ans, héritière politique de Lula, fondateur du Parti des travailleurs (PT-gauche), a décidé de se rendre au Forum social de Porto Alegre trois jours avant un voyage à Cuba et en Haïti et de ne pas aller au Forum économique mondial de Davos (Suisse).