La France et le Panama ont accéléré mercredi les préparatifs à l'extradition vers son pays de l'ancien dictateur Manuel Noriega détenu depuis plus de 20 ans aux États-Unis puis en France, le ministre panaméen des Affaires étrangères évoquant un retour dimanche.

«Noriega arrivera dimanche prochain au Panama sur un vol de la compagnie espagnole Iberia à 17H30», a précisé le ministre panaméen des affaires étrangères Roberto Henriquez sur son compte Twitter.

Manuel Noriega est détenu depuis 2010 à la prison parisienne de la Santé pour blanchiment d'argent après avoir passé plus de 20 ans en cellule aux Etats-Unis pour trafic de drogue.

Une délégation panaméenne composée de membres du ministère des Affaires étrangères, de policiers et de médecins se trouve à Paris depuis dimanche afin de réaliser les démarches administratives et médicales nécessaires à son extradition.

Selon une source à la chancellerie panaméenne, la santé de l'ancien dictateur, âgé de 77 ans, est compatible avec son extradition.

Le président panaméen Ricardo Martinelli avait affirmé vendredi que M. Noriega serait extradé «entre le 6 et le 13 décembre» et qu'il «irait directement en prison» à son arrivée, mais la loi permet aux condamnés de plus de 70 ans de purger leur peine à domicile.

Au Panama, il sera détenu dans une cellule «individuelle» et «simple», disposant de ses propres sanitaires, «à proximité des différents ateliers et salles de cours», selon Mme Mendez.

Il sera traité «dans les mêmes conditions que les autres (détenus) du centre de détention d'El Renacer», situé dans le nord-ouest de la capitale, a assuré la ministre alors que plusieurs proches de victimes de la dictature ont dit craindre qu'il ne bénéficie d'un traitement de faveur.

La prison a été «récemment rénovée» et dotée de nouveaux matériels de sécurité, «ce qui nous permet d'être tout à fait tranquilles», a-t-elle poursuivi.

Le directeur de l'Administration pénitentiaire, Angel Calderon, a précisé que du fait du statut de Manuel Noriega, les mesures de sécurité «seront renforcées» et qu'il serait «isolé» des autres détenus.

D'anciens opposants à l'ex dictateur ont prévu d'organiser une manifestation le jour de son retour, dans le secteur bancaire de la capitale, à l'endroit où se déroulaient dans les années 80 les manifestations pour demander la fin du régime militaire (1968-1989).

«Il peut y avoir certains arrangements politiques pour que Noriega accomplisse une courte peine puis demande les arrêts domiciliaires. Mais nous qui avons lutté contre la dictature, nous ne le permettrons pas. Il doit passer ses derniers jours en prison», a estimé Aurelio Barria, fondateur en 1987 d'un mouvement d'opposition.

Le retour de Manuel Noriega, un ancien agent de la CIA devenu ennemi juré des États-Unis, suscite quelques inquiétudes au Panama, au regard des secrets qu'il pourrait détenir sur des figures politiques et des grandes fortunes édifiées sous son régime.

La cour d'appel de Paris a rendu le 23 novembre un avis favorable à l'extradition de M. Noriega, ouvrant la voie au retour dans son pays du général qui a dirigé le Panama d'une main de fer entre 1983 et sa destitution par les États-Unis en décembre 1989.

Les autorités panaméennes veulent qu'il purge dans son pays trois peines de 20 ans de prison pour des disparitions d'opposants et souhaitent le juger pour d'autres faits commis durant ses années au pouvoir, marquées par de multiples violations des droits de l'Homme.