Deux rapports récents affirment que le cancer d'Hugo Chavez s'est aggravé. Les partisans du président vénézuélien rétorquent qu'ils sont tendancieux. Mais au moins un politologue vénézuélien affirme que les rumeurs sur sa santé renforcent l'unité de l'opposition et suscitent une lutte fratricide parmi ses proches.

Le président vénézuélien, Hugo Chavez, souffre d'une rechute de cancer qui est de mauvais augure et crée une course à la succession au sein de son parti. Pour éviter que l'opposition ne remporte la présidentielle de l'an prochain, il a décidé de ne pas traiter agressivement sa maladie afin de garder l'énergie nécessaire pour la campagne électorale déjà entamée.

C'est la thèse que soutiennent au moins deux sources différentes dans les médias américains. Le Wall Street Journal a cité, samedi dernier, deux «rapports des services d'espionnage de deux pays» à cet égard et, la semaine précédente, un ancien ambassadeur des États-Unis, Roger Noriega, a affirmé la même chose sur la page web d'un groupe de réflexion, Inter American Security Watch, consacré à la surveillance des «gouvernements populistes radicaux au Venezuela, en Bolivie et en Équateur».

Les «chavistas» rétorquent qu'il s'agit de rumeurs propagées à des fins politiques. «Si ces rumeurs sont vraies, Chavez est carrément un surhomme», ironise en entrevue téléphonique Steve Ellner, politologue de l'Université de l'Est, au Venezuela, qui est critique envers l'opposition. «Il n'a plus que quelques mois à vivre et pourtant il travaille à temps plein pour la cause.»

Spéculations

Mais d'autres politologues vénézuéliens affirment que le manque d'informations sur le cancer d'Hugo Chavez a un impact énorme sur la politique. «Devant l'hermétisme du gouvernement, il y a beaucoup de spéculation», dit Jose Manuel Puente, de l'Institut d'études supérieures en administration de Caracas. «Comme partout ailleurs dans ce cas, il y a une lutte à la succession.»

Espoir de l'opposition

Le cancer a donné espoir à l'opposition, selon Angel Alvarez, politologue à l'Université Notre-Dame, en Indiana, et à l'Université centrale du Venezuela. «Ça a rendu la coalition plus stable et créé une incitation à avoir un candidat unique avec des primaires. Il y a des rumeurs de lutte à la succession entre quatre secteurs au sein du gouvernement: la famille de Chavez, menée par son frère aîné Adan, les «Chavez bourgeois» menés par Diosdado Cabello, les radicaux civils, menés par Nicolas Maduro et Elias Jaua, et l'armée, elle-même divisée en plusieurs tendances.»

Des élections dans un an

La prochaine élection présidentielle au Venezuela aura lieu le 7 octobre 2012. Des élections de gouverneurs et de maires auront lieu en même temps. Le pays est déjà en mode électoral; l'opposition tiendra des primaires en février prochain. «Quatre des cinq candidats de l'opposition sont dans la quarantaine, on sent vraiment que les choses sont différentes», explique Pedro Rodriguez, de l'Association des Vénézuéliens de Québec.