L'ancien président guatémaltèque Alfonso Portillo (2000-2004) a accusé jeudi les milieux d'affaires d'être derrière le feu vert à son extradition vers les États-Unis autorisée mardi par le président Alvaro Colom, qu'il entend contester devant la justice de son pays.

«Je suis tranquille, car je connais le motif de toute cette persécution politique. C'est une persécution politique, car je n'ai pas plié face aux milieux d'affaires, je ne me suis pas mis à genoux et je ne le ferai pas», a assuré à des journalistes M. Portillo dans un tribunal de Guatemala, où il comparaît actuellement dans un procès pour malversations.

Le président Colom avait annoncé mardi avoir donné son feu vert à l'extradition vers les États-Unis de M. Portillo, 60 ans, accusé en janvier 2010 par la justice américaine d'avoir détourné 70 millions de dollars de fonds publics, dont une partie aurait transité par des banques américaines et européennes.

A Washington, la diplomatie américaine a salué «une affirmation importante de l'état de droit et de la procédure judiciaire en bonne et due forme.»

L'intéressé, emprisonné depuis 2010, a assuré que son «extradition n'est rien de plus qu'une manoeuvre pour (l')éloigner du pays, car (il) représente une gêne (...) pour les groupes de pouvoir, qui ont toujours manipulé sans le respecter le peuple du Guatemala». L'ancien président a encore assuré que son successeur avait subi «des pressions».

M. Portillo a en outre annoncé sa décision de présenter trois recours devant la justice pour contester son extradition.

Cet ex-dirigeant charismatique, surnommé «Pollo ronco» («poulet enroué») en raison de sa voix étrange, avait fui au Mexique en 2005 avant d'être extradé vers le Guatemala en octobre 2008.

Il avait été incarcéré en janvier 2010 après avoir tenté de fuir vers le Belize au lendemain de la publication de l'accusation américaine.