La promotion du mexicain Joaquin Guzman, dit «El Chapo», chef milliardaire du cartel de Sinaloa, dans le classement des personnes les plus puissantes du monde par la revue américaine Forbes, ajoute à la pression pour la capture du narcotrafiquant en cavale depuis 10 ans.

Selon le classement Forbes publié mercredi, El Chapo est le troisième personnage le plus puissant en Amérique latine, derrière la présidente brésilienne Dilma Rousseff et Carlos Slim, patron mexicain des télécommunications et homme le plus riche du monde. Il y figure comme le 55e personnage le plus puissant dans le monde (il était 60e dans la version précédente).

Depuis que Guzman s'est échappé de prison en janvier 2001, son cartel de Sinaloa est devenu dominant sur le territoire mexicain après de violents affrontements avec des groupes rivaux et a intensifié ses activités internationales, de l'Argentine à l'Afrique, avec une présence estimée dans 48 pays.

Ce fils de paysans de l'État du Sinaloa, au nord-ouest du Mexique, est selon la revue Forbes à la tête d'une fortune d'un milliard de dollars. On l'aurait repéré à plusieurs reprises avec sa dernière épouse, une reine de beauté de 22 ans qui a donné naissance à des jumeaux en août dans un hôpital de Los Angeles.

Selon des analystes, la capture du Chapo est devenue une priorité, aussi bien au Mexique qu'aux États-Unis, alors que des élections présidentielles se profilent dans les deux pays en 2012.

«Il est vraisemblable, même si ce n'est pas certain, qu'on apprenne bientôt sa capture, surtout s'il commence à être perçu comme encombrant par le cartel de Sinaloa», dit à l'AFP Edgardo Buscaglia, professeur à l'Institut technologique autonome du Mexique (ITAM).

«Il y a toujours eu plus de pression sur les services de sécurité et de renseignement» à l'approche d'échéances électorales, selon l'expert.

Le président mexicain Felipe Calderon, même s'il n'est pas rééligible, s'apprête à défendre bec et ongles le bilan de la lutte qu'il a engagée dès son arrivée au pouvoir contre les narcotrafiquants, avec l'aide de l'armée. Depuis lors, les affrontements avec les narcotrafiquants et entre groupes criminels rivaux ont abouti à une augmentation de la violence et à un bilan de 45 000 morts depuis décembre 2006.

Des hommes politiques et des journalistes accusent cependant depuis plusieurs années le Parti d'action nationale (PAN), au pouvoir depuis l'an 2000, de protéger le cartel de Sinaloa, une accusation que cette formation rejette.

Selon Ricardo Ravelo, auteur de plusieurs livres sur les trafiquants de drogue, «El Chapo a bien su corrompre le pouvoir politique».

Calderon, qui critique les États-Unis pour être le principal débouché des narcotrafiquants et leur principal fournisseur d'armes, a assuré le mois dernier au New York Times que Guzman n'était peut-être pas au Mexique. «La chose qui surprend chez nous, c'est que lui ou son épouse sont si tranquilles aux États-Unis», a dit Calderon.

La pression monte aussi sur Barack Obama à un moment où l'opposition républicaine affirme que les États-Unis sont en train de perdre le contrôle de la situation à la frontière avec le Mexique.

Mais les analystes soulignent que Guzman n'est pas le seul chef du groupe criminel et que sa capture n'arrêterait pas ses activités. Selon Buscaglia «il n'y a pas un roi qui contrôle tout dans une structure de type pyramidale». «On a trop concentré l'attention sur lui (Guzman), ce qui l'a transformé en une espèce d'Oussama Ben Laden du commerce de la drogue».                     t