Des heurts entre policiers et employés ont fait un mort, lundi, dans la mine indonésienne du géant américain Freeport, une des plus grandes au monde, touchée par une grève dure qui s'ajoute à la polémique sur l'impact écologique et politique de l'exploitation.

«Un manifestant a été tué par un coup de feu tiré par la police et un autre a été blessé par balle à la poitrine», a indiqué à l'AFP Virgo Solossa, un responsable syndical à la mine Grasberg, propriété de l'américain Freeport-McMoRan Copper & Gold Inc. (FCX).

La situation est tendue depuis de longs mois à la mine, représentants du personnel et patronat s'opposant sur la signature d'un nouveau contrat collectif. Le syndicat de la mine, PT-FI, exige la multiplication par huit du salaire minimum: de 1,50 dollar de l'heure (1,1 euro) à 12,5 USD, affirmant que les salariés de Grasberg sont les moins bien payés au monde dans les mines détenues par FCX.

Après une première grève cet été, un deuxième arrêt de travail dure depuis le 15 septembre. Selon FCX, environ la moitié des quelque 23 000 employés ont cessé le travail, non convaincus par une augmentation salariale de 25% offerte par la direction.

Un médecin à l'hôpital local a confirmé qu'une personne avait trouvé la mort à la suite de blessures par balle, précisant que six autres manifestants avaient été blessés. Sept policiers ont également dû être hospitalisés après avoir été touchés par des pierres lancées par des grévistes, a indiqué à l'AFP un porte-parole de la police locale.

Les heurts ont opposé les forces de l'ordre à un millier d'employés participant à une grève dure qui va bientôt entrer dans son deuxième mois.

Les affrontements ont éclaté quand les grévistes ont tenté de pénétrer dans une gare routière proche de la mine où transitent les cars servant à acheminer les employés sur le site gigantesque, a indiqué la direction de la mine, confirmant «un mort et des blessés».

«Un groupe d'employés grévistes a tenté de perturber le chargement des cars pour les employés retournant au travail», a déploré dans un communiqué FCX, qui se présente comme la plus grande compagnie minière de cuivre au monde, cotée en Bourse.

Le syndicat PT-FI menace de poursuivre la grève jusqu'au 15 novembre et de «paralyser» la production, déjà sévèrement touchée.

Grasberg est l'une des plus importantes mines d'or et de cuivre de la planète et ses réserves comptent parmi les plus grandes au monde, selon FCX.

Le conflit social vient s'ajouter à la polémique écologique et politique sur la présence de cette gigantesque exploitation en Papouasie indonésienne, une région aussi reculée que troublée.

La mine, située sur des hauts plateaux recouverts de jungle, menacerait une des rares forêts encore préservées, accusent de nombreuses ONG.

L'exploitation cristallise de plus les revendications des populations indigènes de Papouasie. Des groupuscules séparatistes mènent des actions de guérilla sporadiques, accusant les sociétés étrangères exploitant les énormes ressources naturelles de ne pas suffisamment rétribuer les Papous, qui demeurent l'un des peuples les plus pauvres d'Indonésie.

L'histoire de la mine Grasberg est ainsi pavée de violences, depuis son ouverture en 1990. En juillet 2009, deux employés de FCX --un Australien et un Indonésien-- avaient été tués par des tireurs inconnus.

Freeport fait en revanche l'objet de toutes les attentions du gouvernement indonésien, pour qui le groupe américain est d'abord le premier contribuable du pays.