Les écoles du Mexique ne sont plus tout à fait prémunies contre la violence des bandes criminelles, conduisant dans plusieurs États les professeurs à faire grève et les parents à éloigner leur progéniture d'établissements où la sécurité n'est plus garantie.

Mardi, cinq têtes humaines en état de décomposition ont été découvertes près d'une école primaire de la station balnéaire d'Acapulco, dont une partie des professeurs faisaient grève pour protester contre le racket sur salaire dont ils sont l'objet de la part d'un groupe criminel.

À Veracruz, dans le golfe du Mexique, de plus en plus de parents rechignent à envoyer leurs enfants en classe, par crainte d'affrontements armés sur la voie publique entre le cartel des «Zetas» et une nouvelle organisation paramilitaire qui a récemment affirmé son intention de le supprimer à tout prix.

Jeudi, des centaines de parents de la localité de Tierra Blanca alertés par les réseaux sociaux sont venus chercher précipitamment leurs enfants à l'école peu après le déploiement d'un dispositif de policiers lourdement armés.

Mais au-delà des menaces liées aux cartels, une inquiétante répétition d'incidents violents impliquant élèves et professeurs a aussi été enregistrée ces dernières semaines au sein même des écoles, notamment dans les États de Sinaloa (nord-est) et Nuevo Leon (nord).

À Culiacan, la capitale du Sinaloa, des professeurs ont manifesté jeudi devant le Congrès de l'État pour attirer l'attention des autorités sur la multiplication de vols et agressions dans les établissements.

«La communauté s'est organisée et a décidé de ne plus envoyer les enfants à l'école jusqu'à ce qu'on obtienne des engagements de la part des autorités», a expliqué Lourdes Sarabia, dirigeante du Syndicat national des travailleurs de l'éducation de Culiacan.

Ce vendredi, Vladimiro Montalvo, maire de Santiago, dans l'État de Nuevo Leon frontalier avec les États-Unis, a dû lancer un appel au calme après que la population fut prise de panique par la découverte de messages évoquant des lancers de grenades dans des écoles.

«La psychose est logique, il y a eu un mouvement de peur provoqué par l'apparition de quatre banderoles annonçant que des grenades allaient être lancées dans des écoles, mais nous sommes en alerte, nous avons demandé l'appui de l'armée et de la police, qui effectuent des patrouilles», a expliqué à l'AFP M. Montalvo, joint dans cette localité située à 35 km de Monterrey.

Une dizaine d'hommes avaient déjà été arrêtés vendredi dans la cadre de cette affaire.

Pour Javier Oliva, expert en affaires de sécurité à l'Université autonome nationale de Mexico, ces craintes sont un peu démesurées, mais elles s'inscrivent «dans un processus de détérioration des conditions de vie en communauté, avec une violence qui vient frapper les civils dans des lieux publics».

Fin août par exemple, des hommes armés ont tiré sur des parents qui attendaient leurs enfants devant une école de Ciudad Juárez (nord), tuant un adolescent et blessant quatre femmes.

Fin mai à Monterrey, une maîtresse d'école a été décorée après avoir réussi à détourner l'attention de ses élèves de cinq et six ans en les incitant à chanter alors qu'un échange de tirs se produisait à quelques mètres de là.

Pour Elizabeth Garcia, vendeuse ambulante de 26 ans à Acapulco, il n'est aujourd'hui pas concevable de renvoyer ses enfants à l'école.

«Je ne sais pas si c'est mieux qu'ils n'aillent pas à l'école (mais) au moins je sais où ils sont», déclare-t-elle derrière son étal de fruits en serrant ses deux fils.