Les soldats de l'ONU présents en Haïti, déjà accusés d'avoir introduit le choléra dans le pays, sont à nouveau sur la sellette après une affaire de viol, relançant les appels au départ des Casques bleus.

Depuis la divulgation sur internet d'images montrant des Casques bleus uruguayens en train de violer un jeune Haïtien, des centaines de personnes, dont des élus locaux, ont manifesté lundi devant une base de soldats uruguayens à Port-Salut (sud) pour demander le retrait des forces onusiennes.

«Nous allons déposer une résolution au parlement pour demander le retrait progressif des soldats de la Minustah», la mission des Nations unies en Haïti, a déclaré le sénateur Youri Latortue, présent à la manifestation, tandis que d'autres responsables haïtiens exigeaient que les soldats soupçonnés du viol du jeune homme de 18 ans soient jugés sur place.

Ces derniers «sont maintenant à Port-au-Prince, ils seront sous peu rapatriés dans leur pays (...) Ils partiront certainement cette semaine», a déclaré à l'AFP une porte-parole de la Minustah.

Le gouvernement uruguayen a porté plainte devant la justice du pays contre ses quatre Casques bleus, a annoncé lundi le secrétaire de la présidence, Alberto Breccia. Le chef du bataillon uruguayen en Haïti a déjà été rappelé par le ministère de la Défense.

Mardi, le ministre uruguayen de la Défense, Eleuterio Fernandez Huidobro, a annoncé à la presse que le gouvernement allait «d'urgence» présenter ses excuses à Haïti. Il a également précisé que Montevideo prendrait «les sanctions maximales» et ferait en sorte de dédommager la victime.

A Port-au-Prince, le président Michel Martelly a condamné «cet acte qui révolte la conscience nationale» et a demandé un «rapport détaillé rétablissant l'exactitude et les circonstances des faits».

Un juge haïtien, Paul Tarte, a ouvert vendredi une enquête, mais il s'est plaint de n'avoir pas pu interroger les soldats uruguayens.

La Minustah, qui compte 12 000 hommes en uniforme, a annoncé l'ouverture d'une enquête. Son chef Mariano Fernandez, a présenté des excuses au gouvernement haïtien et promis de renforcer la discipline au sein de la mission onusienne.

Fin 2010, Haïti avait été secoué par des manifestations violentes contre la présence des Casques bleus, accusés d'être à l'origine de l'épidémie de choléra qui a fait plus de 40.000 malades et tué près de 4.000 personnes, selon un dernier bilan officiel publié fin août. Des experts internationaux ont confirmé que des soldats népalais avaient introduit la bactérie mortelle.

Cependant, pour le Premier ministre sortant Jean-Max Bellerive, la mission de l'ONU déployée en Haïti depuis 2004 reste nécessaire.

«La Minustah n'est certainement pas quelque chose qui fait plaisir, avoir des troupes étrangères dans le pays, c'est quelque chose de compliqué, il faut certainement changer une partie de son mandat, mais pour l'instant c'est un mal nécessaire», a-t-il déclaré à l'AFP.

«Nous avons des problèmes de police. Nous sommes sous-équipés en termes de moyens, de formation, nous avons d'énormes retards et cela doit être compensé par quelque chose et ce quelque chose c'est la Minustah», a-t-il expliqué.

Le président Michel Martelly a indiqué le mois dernier qu'il voudrait voir la Minustah se convertir en une «mission de développement».