L'accident de tramway qui a fait cinq morts et 57 blessés samedi à Rio de Janeiro, dans le quartier touristique de Santa Teresa, est le pire de l'histoire du célèbre «bondinho», et une association assure qu'il était inévitable.

«Tôt ou tard, une tragédie comme celle-là devait arriver. Santa Teresa ne reçoit aucun investissement», a déploré dimanche Elzbieta Mitkiewicz, présidente de l'Association des habitants et des amis de Santa Teresa.

Dimanche, la circulation est restée interdite dans le secteur, où les experts enquêtaient sur les causes de l'accident. L'un d'eux, Luiz Antonio Consenza, a indiqué «qu'un fil de fer, au lieu d'une visse retenait une pièce située prêt d'un patin de frein (...) Cela montre le niveau de dégradation des tramaways de Rio», a-t-il dit. Le rapport d'expertise sera prêt d'ici à 30 jours.

Le secrétaire brésilien aux Transports, Julio Lopes, qui s'est rendu samedi sur les lieux de l'accident, a déclaré que le tramway était «en surcharge».

Le véhicule, qui avait une capacité maximum de 44 places (32 assises et 12 debout), a déraillé dans un virage de la rue Joaquim Murtinho, s'est couché sur la voie et a été entièrement détruit.

«Cet accident représente une grande douleur pour le gouvernement et la population. C'est une tragédie pour le tourisme dans la ville», a déclaré M. Lopes.

Parmi les 57 blessés - dont trois Français, une Portugaise et un Britannique -, dix, dans un état grave et qui ont dû être opérés, étaient encore hospitalisés dimanche soir, a indiqué le secrétariat municipal à la Santé. Le cas le plus grave est celui d'un enfant de trois ans, selon cette source.

«J'ai vu beaucoup de personnes blessées. Il y avait du sang partout», a raconté Rinaldo Ferreira, qui a entendu un «grand bruit» avant de comprendre que c'était le tramway qui s'était couché sur la voie.

Quatre personnes ont péri sur le coup, et le conducteur du tramway, Nelson Correa da Silva, qui avait 30 ans de carrière, est mort pendant son transport à l'hôpital, a déclaré le commandant des pompiers, Sergio Simoes.

Elzbieta Mitkiewicz a déclaré à la presse s'être plusieurs fois plainte en vain auprès des autorités du mauvais état de conservation des «bondinhos».

Actuellement, selon elle, seuls trois sur sept de ces petits trains jaunes qui font la joie des touristes circulent dans les rues sinueuses et escarpées de Santa Teresa. A plusieurs reprises, ils ont cessé de fonctionner faute de pièces détachées pour leur réparation.

L'Association pointe du doigt depuis plusieurs années la modernisation trop lente des tramways, entamée en 2006.

Une centaine personnes ont protesté dimanche en s'asseyant sur les rails du tramway.

Le président du syndicat des cheminots de Rio, Valmir de Lemos, a déclaré que le réseau ferroviaire recevait peu d'investissements de la part de l'Etat.

«Par la position des roues (du tramway), on voit que le conducteur a freiné. Peu de choses se sont améliorées depuis l'accident avec le touriste français en juin», a-t-il dit à la presse.

Le 24 juin dernier, un touriste français, Charles Pierson, s'était tué en tombant de l'un de ces tramways alors qu'il prenait une photo quand le véhicule passait sur le pont Arcos da Lapa. Il avait perdu l'équilibre et fait une chute de 15 mètres. La grille de protection du pont, en mauvais état, avait cédé.

En août 2009, deux accidents de tramway avaient eu lieu en une semaine, faisant un mort et une dizaine de blessés, dont cinq touristes.