Les électeurs argentins sont appelés aux urnes dimanche pour des primaires inédites qui devraient donner un aperçu du rapport de force entre les candidats de la présidentielle du 23 octobre, pour laquelle la présidente sortante Cristina Kirchner, 58 ans, est donnée favorite.

Ces primaires, «ouvertes, simultanées et obligatoires», selon une nouvelle loi électorale votée en décembre 2009, doivent en principe désigner les candidats à la présidentielle et à la vice-présidence, mais elles n'ont en réalité qu'une valeur indicative, car chaque parti ne présente qu'un candidat, contrairement à ce qui se pratique dans d'autres pays.

Le scrutin permettra toutefois de jauger le potentiel électoral des dix «pré-candidats» en lice.

«Les primaires ne seront pas seulement une forme d'élection anticipée, ou une enquête véritable, mais elles représentent aussi une espèce de primaire ouverte de l'opposition», explique à l'AFP le politologue Rosendo Fraga, directeur de l'institut de sondages Nueva Mayoria.

«Celui qui arrivera en tête des opposants (à Mme Kirchner) aura de grandes chances de polariser le vote anti-Kirchner à la présidentielle», estime-t-il.

Un récent sondage de Management & Fit (M&F) établit que si le scrutin avait lieu ce jour, la présidente péroniste de centre-gauche l'emporterait au premier tour face au social-démocrate Ricardo Alfonsin, fils du président décédé de la transition démocratique Raul Alfonsin (1983-1989).

La veuve de Nestor Kirchner (président de 2003 à 2007 décédé en octobre) obtiendrait 41% des suffrages contre 19,6% pour M. Alfonsin, candidat d'un rassemblement dirigé par l'Union Civique Radicale (UCR), deuxième groupe au Parlement.

Cet avantage conséquent est notamment dû, selon les analystes, à la décision de Mauricio Macri, chef de file de la droite et maire charismatique de Buenos Aires, de ne pas se présenter cette année.

Pour être élu au premier tour de la présidentielle, un candidat doit obtenir: soit plus de 45% des voix, soit plus de 40% avec une avance de plus de 10% sur le deuxième. Un éventuel second tour est prévu le 20 novembre.

A la veille de la primaire, de nombreux électeurs se disent encore indécis et environ la moitié d'entre eux n'ont pas bien compris les enjeux et le fonctionnement de ce nouveau scrutin, selon de récentes enquêtes.

Il semble donc difficile de prévoir dans l'immédiat le potentiel des autres candidats péronistes en lice, l'ex-président Eduardo Duhalde (2002-2003), qui avait assuré la transition après la crise économico-politique de 2001, et le gouverneur de l'Etat de San Luis (centre), Alberto Rodriguez Saa.

Les quelque 25 millions d'électeurs voteront aussi pour désigner les candidats aux législatives (députés et sénateurs) pour chaque parti politique en vue du 23 octobre.

Selon la nouvelle loi électorale, les candidats qui n'obtiendront pas un plancher de 1,5% des suffrages ne pourront présenter leur candidature en octobre. Ce seuil représente donc un défi important pour les petits partis, dont le Parti ouvrier (PO, trotskiste).

Dans certaines provinces, comme celle de Buenos Aires, la plus peuplée du pays et bastion péroniste par excellence, une lutte interne farouche entre différents groupes sera livrée entre prétendants à la députation.

Ces primaires constitueront aussi un test au sein du Front pour la Victoire (FpV, alliance péroniste de Mme Kirchner) qui présente de nombreux candidats âgés entre 25 et 35 ans comme tête de liste aux législatives. Ces nouvelles têtes avaient été imposées par la présidente, souvent contre l'avis des dirigeants locaux.