Plus de 60 000 personnes ont défilé mardi dans les rues de Santiago pour une réforme de l'éducation au Chili, nouvelle démonstration de force des étudiants pour leur neuvième mobilisation en trois mois, qui a donné lieu à des heurts sporadiques et quelques interpellations.

Des barricades de pneus enflammés ont été érigées tôt le matin à plusieurs carrefours de la capitale, provoquant des embouteillages à l'heure de pointe. Ces points ont été dégagés par les forces de l'ordre avec des lances à eau et gaz lacrymogènes, et six mineurs ont été arrêtés.

Des heurts - lances à eau et gaz lacrymogène contre pierres et projectiles divers - ont aussi opposé à la mi-journée la police antiémeute à des jeunes qui tentaient de se diriger vers le palais présidentiel, ou improvisaient des barricades enflammées avec des matériaux de construction.

Le service d'ordre étudiant lui-même s'est opposé à des groupes de jeunes.

La «Marche pour l'éducation» a rassemblé jusqu'à 100 000 personnes, selon Camila Vallejo, une des principales dirigeantes de syndicat étudiants. La police a pour sa part cité le chiffre de 60 000 manifestants.

En province, des manifestations ont également eu lieu à Calama, La Serena, Arica (nord) Concepcion (sud) et Valparaiso (centre) notamment.

Les étudiants et enseignants du Chili, dont la mobilisation va crescendo depuis mai, réclament de l'État des moyens accrus pour l'enseignement public, le parent pauvre d'un système éducatif à deux vitesses, où la qualité est intimement liée aux ressources économiques.

Le bras de fer entre étudiants et gouvernement s'est tendu depuis quelques semaines, et la dernière journée d'action, il y a cinq jours, a donné lieu à de violents heurts répétés avec les forces de l'ordre et des scènes de vandalisme.

Plus de 800 personnes avaient été interpellées, dont une quarantaine ont été déférées.

Contrairement à jeudi, la manifestation de mardi avait été autorisée et avait fait l'objet d'un itinéraire agréé. Elle s'est pour l'essentiel déroulée dans le calme.

Des syndicats de la fonction publique et des travailleurs du cuivre, poumon de la prospérité du Chili, avaient annoncé qu'ils se joignaient aux étudiants mardi, signe d'une contestation sociale qui s'élargit face au gouvernement de droite de Sebastian Piñera, au pouvoir depuis mars 2010.

Le ministre de l'Éducation Felipe Bulnes a suggéré mardi que l'heure du dialogue était passée: il entend présenter prochainement au Parlement les avancées réalisées au cours des négociations avec les étudiants, où ils seront toujours les bienvenus «pour exprimer leurs inquiéudes».

Les étudiants ont jugé la semaine dernière insuffisantes les propositions du gouvernement, portant notamment sur une augmentation des bourses et des crédits facilités aux études. Ils réclament en particulier la garantie constitutionnelle d'une éducation publique gratuite et de qualité.