Trente-et-un des 33 mineurs chiliens qui ont survécu 69 jours bloqués sous terre dans le nord du Chili entre août et octobre 2010 ont décidé de poursuivre l'État chilien pour négligence, considérant que les conditions de sécurité n'avaient pas été contrôlées avant l'accident.

«Nous voulons que soit reconnu ce que nous avons vécu au fond de cette mine. Nous sommes ici pour dire que les 31 souhaitent que soient reconnues toutes les souffrances que nous et nos familles avons subies», a déclaré vendredi à la presse le chef de quart devenu logiquement chef des 33 mineurs piégés sous terre, Luis Urzua.

L'avocat représentant les mineurs, Edgardo Reinoso, a déposé vendredi une plainte au bureau d'un procureur du tribunal de Santiago. Cette plainte exige de l'État chilien une indemnisation de 540.000 dollars (380.000 euros) pour chacun des 31 mineurs, a rapporté à l'AFP une source judiciaire.

Les plaignants accusent le Service national de géologie et des mines (Sernageomin) de ne pas avoir préalablement inspecté les conditions de sécurité dans la mine de San José (nord), où ils avaient été pris au piège.

Selon un autre mineur plaignant, Claudio Yañez, le gisement avait déjà été fermé par le passé et avait été le théâtre de nombreux accidents.

«Tout le monde sait qu'en 2005 et 2007, il y a eu deux morts dans cette mine et qu'elle était donc dangereuse», a déclaré M. Yañez sur l'antenne de CNN Chili.

«Cela n'a rien de politique, cette action vise l'État et non le gouvernement», a tenu à expliquer de son côté M. Urzua.

Ces plaintes s'ajoutent à une autre déjà émise par les familles de mineurs contre la direction de la mine et la Sernageomin, assortie d'une demande d'indemnités de plusieurs millions de dollars.

Les mineurs demandent également leurs retraites anticipées, en raison des séquelles physiques et psychologiques subies.

De son côté, l'État a saisi la justice pour récupérer le coût des opérations de secours.

Les «33», bloqués plus de deux mois à 700 mètres de profondeur à la suite d'un éboulement souterrain, avaient été secourus sains et saufs sous les caméras du monde entier au cours d'une opération qui a coûté pas moins de 20 millions de dollars (14 millions d'euros) à l'État chilien.

La Sernageomin fut restructurée en profondeur après l'accident et avait vu le nombre de ses inspecteurs augmenter sensiblement. La mine de San José demeure fermée depuis lors.

Début mars, la Chambre des députés chilienne a adopté le rapport d'une commission d'enquête parlementaire sur l'accident de San José, qui conclut à la responsabilité première des patrons de la mine «pour n'avoir pas adopté les mesures requises de sécurité du travail».

Le rapport, qui n'a pas d'implication juridique, mettait aussi en cause le Service national de géologie et des mines (Sernageomin), organe régulateur du secteur minier, pour «manque de contrôle des opérations minières».