Environ 80 000 étudiants, élèves du secondaire et professeurs ont défilé hier dans les rues du Chili pour réclamer une éducation de qualité, gratuite et publique. À Santiago, la manifestation a été le théâtre de violents heurts.

Sur des airs de fête et de carnaval, les étudiants de Santiago ont de nouveau défilé hier. Comme chaque fois, la manifestation s'est terminée par de violents heurts avec la police militarisée, qui cette fois a déclenché les hostilités.

Alors que les étudiants s'approchaient de la place Los Heroes, où une scène devait accueillir des groupes de musique, la police a fait usage de bombes lacrymogènes et de canons à eau.

Quelques groupes d'étudiants ont répondu par des jets de pierre tandis que le gros des manifestants se dispersait. Bilan: 15 policiers blessés et au moins 55 arrestations.

Depuis plus d'un mois, les étudiants organisent les plus grandes manifestations jamais vues depuis la fin de la dictature (1973-1990). «L'éducation devrait être un droit, martèle Jaime, étudiant en arts de 25 ans. Dans ce pays, Augusto Pinochet en a fait une marchandise. Nos parents croulent sous les dettes pour nous faire instruire!»

Privatisation

Sous la dictature, Augusto Pinochet a créé un système à deux vitesses, où l'éducation de qualité n'est accessible qu'aux plus riches. Les pauvres se retrouvent dans les écoles publiques, qui manquent cruellement de moyens. «On n'a pas d'argent», explique Maria, institutrice depuis 30 ans dans le public. Le Chili consacre 4,4% de son produit intérieur brut (PIB) à l'éducation. L'UNESCO conseille un minimum de 7%. C'est un des systèmes d'éducation les plus chers et les plus privatisés du monde.

«La charge financière de l'éducation retombe sur les familles, souligne l'économiste Marcel Claude. Dans l'éducation supérieure, elles paient 70% de la carrière de leurs enfants.»

Le président Sebastian Pinera (droite), arrivé au pouvoir il y a un an, a présenté il y a une semaine et demie un grand accord national qui n'a pas convaincu grand monde. Moins de 40% de la population le soutient encore. Il continue de faire la sourde oreille à une mobilisation qui grandit chaque jour.