L'opération du président vénézuélien Hugo Chavez, atteint d'un cancer, bouleverse le Venezuela où l'armée et le gouvernement ont appelé à la loyauté envers le chef de l'État en traitement à Cuba, à un an d'une présidentielle cruciale.

Le président du premier exportateur de brut sud-américain, victime d'une tentative de coup d'État en 2002, a annoncé dans un message lu à La Havane et diffusé jeudi soir au Venezuela, qu'il avait été opéré d'une tumeur cancéreuse, mais qu'il avait bon espoir de se remettre totalement.

La nouvelle a coupé court aux rumeurs sur sa santé attisées par son absence inhabituelle de la vie politique depuis le 10 juin. C'est aussi une douche froide pour ses partisans qui le croyaient quasiment invincible et en tous les cas indispensable pour faire avancer la «révolution socialiste» dans le pays sud-américain.

«Hier, j'ai pleuré pour mon président», a avoué Lady Hernandez, une femme au foyer qui se qualifie de «chavista fanatique», dans le quartier du 23 Janvier à Caracas. Sur une place, des sympathisants du président se sont rassemblés. «Tout avec Chavez, rien sans Chavez!», hurlait un homme dans un haut-parleur.

Le président, encore populaire après douze ans de pouvoir, notamment auprès des plus pauvres, a déjà annoncé qu'il se présenterait à l'élection présidentielle fin 2012.

Mais son cancer bouleverse la scène politique. L'incertitude touche tout autant les pro-Chavez qui craignent de se retrouver orphelins, que les anti-Chavez qui ont bâti leur discours contre la figure du président.

«C'est un point d'inflexion. La politique a touché terre. Superman n'est plus Superman, c'est un être humain qui a abusé de son corps et qui en paie aujourd'hui le prix», estime Margarita Lopez Maya, historienne vénézuélienne.

Le responsable des opérations de défense et du maintien de l'ordre, Henry Rangel Silva, a garanti vendredi la loyauté de l'armée. «Je peux garantir l'attachement de la force armée au président (...) Nous avons eu une expérience néfaste en 2002 et jamais plus les membres de la force armée ne violeront la Constitution», a-t-il déclaré.

Le vice-président Elias Jaua a assuré pour sa part de la «stabilité politique» du pays. «Le président de la République exerce pleinement ses compétences constitutionnelles. Il est aux commandes du gouvernement, n'a jamais cessé de l'être et continuera de l'être», a-t-il dit.

Le président vénézuélien, 56 ans, mentor de plusieurs dirigeants de gauche latino-américains, réélu à trois reprises depuis 1998 à la tête du Venezuela, est apparu amaigri et ému jeudi soir à la télévision. Il a lu un discours de quinze minutes contrastant avec ses discours-fleuves improvisés pouvant durer neuf heures.

«Les examens ont confirmé l'existence d'une tumeur avec présence de cellules cancéreuses qui a rendu nécessaire une seconde intervention ayant permis l'ablation totale de cette tumeur», a expliqué le chef de l'État.

Chavez a reconnu avoir d'abord été hospitalisé d'urgence le 10 juin, en pleine visite officielle à Cuba, pour un abcès pelvien -accumulation de pus dans la zone inférieure de l'abdomen- mais qu'ensuite une tumeur cancéreuse a été détectée et qu'il a donc dû subir une seconde opération.

«Il s'est agi d'une intervention importante, réalisée sans complications, à la suite de laquelle j'ai évolué de façon satisfaisante tout en suivant les traitements complémentaires pour combattre les différentes sortes de cellules trouvées, et poursuivre ainsi le chemin de mon entier rétablissement», a-t-il expliqué.

Il n'a toutefois pas donné plus de détails sur la tumeur ni avancé de date pour son retour au Venezuela.

Chef d'État hyperactif, Chavez a en revanche estimé avoir commis une «erreur» en négligeant sa santé pendant des années.

Son absence prolongée du Venezuela a suscité la controverse, dans un pays où le pouvoir est très centralisé.

«La première chose c'est de souhaiter au président un entier rétablissement. La deuxième c'est que si dès le début on avait dit au peuple vénézuélien la vérité, il n'y aurait pas eu cette situation (...) d'angoisse et d'incertitude», a déclaré Ramon Guillermo Aveledo, coordinateur de la coalition d'opposition pour l'Unité démocratique qui a fait profil bas.

Plusieurs chefs d'État latino-américains, mais aussi les États-Unis, premier client du brut vénézuélien malgré ses relations tendues avec Chavez, ont souhaité un «prompt rétablissement» au président vénézuélien.

Photo: AFP

Le président vénézuélien, 56 ans, mentor de plusieurs dirigeants de gauche latino-américains, réélu à trois reprises depuis 1998 à la tête du Venezuela, est apparu amaigri et ému jeudi soir à la télévision. Il a lu un discours de quinze minutes contrastant avec ses discours-fleuves improvisés pouvant durer neuf heures.