Le dissident cubain Guillermo Farinas, Prix Sakharov 2010, a cessé vendredi sa grève de la faim, entamée depuis une semaine, afin d'éviter que d'anciens prisonniers politiques ne se joignent à son mouvement, a-t-il indiqué à l'AFP.

«D'anciens prisonniers politiques, qui sont en mauvaise santé, m'ont annoncé qu'ils allaient se mettre en grève de la faim», a expliqué l'opposant par téléphone depuis sa résidence de Santa Clara, à 280 km à l'est de La Havane.

Il a précisé qu'il avait reçu chez lui dans la soirée les anciens prisonniers Librado Linares et José Daniel Ferrer. Ceux-ci et d'autres opposants l'ont convaincu de mettre fin à sa grève.

«Ils m'ont dit qu'ils n'allaient pas me laisser mourir. Ils ont tous des problèmes de santé. J'ai dû céder à cette pression. Je peux assumer ma mort, mais pas celle d'autres personnes», a ajouté M. Farinas, 49 ans.

Selon lui, Reina Tamayo, la mère de l'opposant Orlando Zapata, mort en février 2010 à la suite d'une grève de la faim, l'a également appelé depuis Miami où elle s'est exilée jeudi, avec sa famille et les cendres de son fils. Elle lui a demandé de cesser son mouvement.

Vendredi, il avait déclaré à l'AFP qu'il refusait d'être hospitalisé, comme le lui conseillaient des médecins, inquiets de la détérioration de son état de santé après une semaine de grève de la faim.

Un jour après le décès d'Orlando Zapata, Guillermo Farinas avait entamé un jeûne pour demander la libération de prisonniers politiques. Il avait arrêté sa grève 135 jours plus tard après un accord entre le gouvernement et l'Église catholique pour la libération de 52 opposants.

Cette fois-ci, Guillermo Farinas a entamé sa 24e grève de la faim en quinze ans le 3 juin, pour exiger du gouvernement de Raul Castro que soient jugés les «responsables» de la mort début mai de l'opposant Juan Soto.

Juan Soto, 46 ans et de santé fragile, est décédé le 8 mai dernier dans un hôpital de Santa Clara, trois jours après avoir été arrêté durant quelques heures par la police pour «scandale public» puis libéré «sans aucun incident particulier», selon les autorités. Selon des opposants cubains, Soto aurait reçu des coups durant sa détention.

Farinas, psychologue et cyberjournaliste, s'est vu décerner le Prix Sakharov 2010 du Parlement européen pour la liberté de pensée.

Les autorités démentent l'existence de prisonniers politiques à Cuba et les qualifient de «mercenaires» à la solde des États-Unis.