Une caravane contre la violence de trois cents personnes à bord de 15 autobus est partie samedi matin de Cuernavaca, au centre du Mexique, en direction de la frontière américaine pour exiger un changement de la stratégie du gouvernement mexicain contre les narcotrafiquants, a constaté l'AFP.

Cette caravane est organisée à l'initiative du poète et journaliste Javier Sicilia, dont la fils a été assassiné en mars dernier près de Cuernavaca, située à 90 km au sud de Mexico.

«Les autobus ne sont pas pleins, ils vont se remplir en chemin de citoyens et de militants qui se sont inscrits pour y participer», a dit à l'AFP Mauricio Patron, de l'ONG Cencos, l'un des organisateurs.

Il y a eu plus de 37 000 morts depuis l'arrivée au pouvoir du président Felipe Calderon en décembre 2006, date du début de son offensive contre les narcotrafiquants qui mobilise 50 000 militaires.

«Bienvenue à cette caravane de la consolation, pour la paix la justice et la dignilté, qui est aussi le chemin de la douleur et du sang», a dit à la presse l'écrivain mexicain Rocato Bablot, un des porte-parole du mouvement de protestation civile de Javier Sicilia.

Avant leur départ, les manifestants ont teinté de rouge la fontaine de la Colombe de la Paix, un des monuments emblématiques de Cuernavaca.

Javier Sicilia rejoindra dans la journée la caravane à Mexico, première ecale d'un parcours de près de 3000 km jalonné d'une dizaine d'étapes vers Ciudad Juarez, ville frontalière avec les États-Unis, considérée comme la plus touchée par la violence liée aux narcotrafiquants, avec 3100 homicides en 2010. C'est là que doit être signé à la fin de la semaine prochaine un «pacte pour la paix» entre organisations civiles.

Une rencontre est prévue ensuite à El Paso, de l'autre côté de la frontière, avec des organisations américaines.

Il s'agit de la troisième manifestation qu'organise le poète depuis l'assassinat fin mars de son fils et de six autres personnes, retrouvées mortes étouffées dans un véhicule près de Cuernavaca, après avoir été torturées. Le 8 mai, Sicilia avait rassemblé près de 100 000 personnes sur la place centrale de Mexico.

Après la capture la semaine dernière des meurtriers de son fils, des membres du cartel du Pacifique Sud qui étaient protégés par le chef de la police de Cuernavaca, également sous les verrous, le poète a reconnu ce succès des autorités et félicité la police fédérale.

«Tous les assassins de mon fils sont arrêtés. Mais c'est un parmi des milliers et des milliers de cas qui ne sont pas résolus», a-t-il dit.

Son objectif est d'obtenir «la justice pour les victimes et le changement dans le modèle de sécurité nationale, afin qu'il ne soit plus seulement basé sur la violence», a expliqué cette semaine à l'AFP Javier Sicilia.