La ministre brésilienne de l'Environnement, Izabella Teixeira, a annoncé mercredi la création d'un cabinet de crise contre la déforestation en Amazonie, après une hausse brutale de la déforestation qui a atteint 593 km2 en mars et avril.

Cela représente une surface six fois plus grande que lors de la même période de 2010 quand les forêts avaient perdu 104 km2, selon les chiffres officiels.

Ce cabinet sera formé par des experts du gouvernement fédéral, du ministère de l'Environnement et des représentants des États où ont été recensés les déboisements les plus importants, a dit Mme Teixeira lors d'une conférence de presse.

«Notre objectif est d'étouffer la déforestation. Et nous allons le faire d'ici à juillet», a lancé la ministre. Elle a souligné qu'il s'agissait d'un «engagement formel du gouvernement afin d'atteindre les objectifs du plan national sur le changement climatique».

Selon les dernières statistiques officielles, basées sur des images satellites, 480 km2 de forêt ont été détruits en deux mois dans le seul État amazonien du Mato Grosso (centre-ouest), terre d'élevage de bovins et grand producteur de soja.

«Ceux qui misent sur la déforestation pour élever du bétail auront leur bétail saisi et il sera destiné au programme Faim zéro» d'éradication de la faim, a souligné la ministre.

Elle a ajouté que le gouvernement de l'État du Mato Grosso était en train «d'enquêter sur chaque propriété terrienne pour connaître les causes de cette destruction».

La hausse spectaculaire de la déforestation, après plusieurs années de baisse régulière, intervient au moment où le parlement examine une loi  assouplissant la protection des forêts, sous la pression du puissant lobby agricole avide de nouvelles terres pour le soja et l'élevage.

Les écologistes ont affirmé que cette loi -dont le vote la semaine dernière a été repoussé sine die faute d'accord entre les députés- va encourager la déforestation. «C'est au parlement qu'il faudrait installer le cabinet de crise», a ironisé Rafael Cruz, de Greenpeace.

Le projet de loi prévoit d'exempter les «petits» propriétaires terriens (jusqu'à 400 hectares) de l'obligation de reboiser jusqu'à 80% des terres défrichées en Amazonie.

L'organisation de défense de l'environnement avait affirmé la semaine dernière que cela signifie une perte de 150 000 à 300 000 km2 de forêts.

La déforestation, qui avait culminé à 27 000 km2 en 2004, est tombée à 6500 km2 en 2010 en raison de contrôles plus nombreux.

La déforestation massive a fait du Brésil le quatrième plus grand émetteur de gaz à effet de serre du monde.