Les parlementaires haïtiens réunis en Assemblée nationale ont introduit des changements dans la constitution dont le principe de la «nationalité multiple» qui permettra aux quatre millions d'Haïtiens vivant en dehors du pays de voter mais pas de briguer un mandat.

Parmi les changements introduits dans la constitution adoptée en 1987, un an après la chute de la dictature des Duvalier (1957-1986), les parlementaires ont pour la première fois admis le principe de la «nationalité multiple» en faveur des Haïtiens vivant en dehors du pays.

Toutefois, les parlementaires ont décidé lundi soir que les Haïtiens de l'étranger ne pourront pas briguer des postes électifs ni occuper des fonctions gouvernementales sans avoir au préalable abandonné la nationalité acquise à l'étranger.

«C'est une marche en arrière», estime Edwin Paraison, ministre des Haïtiens vivant à l'étranger. Il rappelle qu'une loi votée en 2002 avait déjà permis aux Haïtiens ayant opté pour une autre nationalité d'occuper des postes ministériels.

Le ministre se réjouit néanmoins que les membres de la diaspora haïtienne, près de 4 millions de personnes, puissent maintenant participer à la vie électorale de leur pays. «Nous avons attendu 25 ans pour obtenir de l'État le droit de vote pour les Haïtiens vivant en dehors du pays», a-t-il dit.

«C'est une bonne chose. Pour les prochaines élections, la diaspora aura le droit constitutionnel de voter», analyse Robert Faton un expert haïtien, professeur de sciences politiques à l'Université de Virginie aux États-Unis.

«C'est une question très sensible, je crois que les gens ont un problème avec le fait que des personnes de l'extérieur puissent briguer des postes électifs», a commenté M. Faton qui vit aux États-Unis.

Lundi soir, les parlementaires ont aussi rejeté l'idée d'accorder au président d'Haïti la possibilité de pouvoir se succéder à lui même après un premier mandat de 5 ans.

Le président élu Michel Martelly, qui entre en fonction le 14 mai, ne pourra donc pas briguer un second mandat en 2016.

M. Faton justifie ce rejet par la crainte des Haïtiens de voir qu'un président qui bénéficie de deux mandats consécutifs ne trouve un moyen de rester plus longtemps au pouvoir (a vie). «C'est la peur d'avoir un président trop fort», conclut-il.