La police cherchait dimanche à déloger près de 6000 personnes qui ont envahi des terrains du nord-ouest de la Colombie, apparemment motivées par un programme de restitution de terres aux victimes du conflit armé promu par le gouvernement, a-t-elle annoncé.

«Il faut rétablir l'ordre. Les autorités doivent déloger ces envahisseurs», a déclaré samedi Luis Alfredo Ramos, gouverneur du département d'Antioquia, où ces occupations de terrains se sont multipliées depuis le 2 mai.

Selon des déclarations à la presse d'un commandant de police local, Luis Alberto Perez, les forces de l'ordre ont commencé à intervenir samedi et avaient déjà délogé dimanche les personnes installées sur l'un des onze terrains occupés.

Le ministre de l'Agriculture Luis Alfredo Restrepo avait auparavant ordonné l'expulsion des personnes installées sur ces terrains, proches des municipalités de Chigorodó, Carepa, Turbo et Apartadó, après qu'une négociation pacifique avec les occupants se fut soldée par des affrontements avec les forces de l'ordre, vendredi.

Selon l'Association nationale pour la sauvegarde du secteur agricole et de la pisciculture, les occupants seraient des paysans, encouragés par le programme de restitution de terres que le gouvernement prétend mettre en place.

Le programme, annoncé en 2010, entend remettre avant 2012 au moins deux millions d'hectares de terres aux paysans chassés de chez eux par le conflit armé qui sévit en Colombie depuis plus de 40 ans.

La guérilla, mais aussi les milices paramilitaires d'extrême droite fondées pour la combattre - démobilisées entre 2003 et 2006 - auraient ainsi chassé des millions de personnes de chez elles, pour contrôler leurs territoires, y faire transiter de la cocaïne ou tout simplement les exploiter.

Selon Aurelio Suarez, président de cette association, les terrains occupés depuis le 2 mai seraient principalement des bananeraies.

«Nous ne soutenons pas les voies de fait», a pour sa part déclaré le ministre de l'Agriculture. «Pour revendiquer les droits légitimes sur ces terres, il faut s'adresser à la justice», a-t-il ajouté.