Les Équatoriens ont approuvé, lors d'un référendum organisé samedi, des propositions de réformes de la presse et de la justice du président socialiste Rafael Correa, selon des résultats officiels partiels diffusés par le Conseil national électoral.

Les dix questions du référendum auraient été approuvées avec des pourcentages oscillant entre 44,9% des suffrages et 50,7%, selon une projection de cet organisme calculée à partir des résultats transmis par 3900 bureaux de vote sur 29 688, soit 13% des bureaux de vote.

Outre des réformes de la justice et de la presse, le référendum proposait aussi l'interdiction de la mise à mort des taureaux pendant les corridas, qui sera imposée dans les cantons où celle-ci est approuvée.

Au niveau national, selon le CNE, cette question l'a aussi emporté avec 47,9% de voix favorables et 40,1% contre.

Auparavant, une enquête réalisée à la sortie des urnes par l'institut de sondages privé Santiago Perez, avait fait état de l'adoption de neuf des dix réformes proposées par 61 à 64% des électeurs.

Les résultats complets du référendum devraient être diffusés dimanche, selon le CNE.

Auparavant, Rafael Correa avait assuré que son pays vivait une nouvelle ère de «démocratie radicale», pour expliquer ce référendum visant à faire passer des réformes en partie bloquées au Parlement, où domine pourtant son parti, Alianza Pais.

Concernant la presse, le gouvernement souhaite que l'Assemblée nationale crée un «conseil de réglementation des contenus», qui pourrait instaurer des critères de «responsabilité» des journalistes et des médias et sanctionner les contrevenants.

Ces critères n'ont pas été définis, d'où les craintes de censure exprimées par l'Union nationale des journalistes, d'autant que Rafael Correa qualifie souvent la presse privée de «médiocre» et «corrompue».

«Ici, mentir relève de la liberté d'expression», a encore accusé samedi le président.

Et désormais, après ce référendum, la «presse corrompue et la mauvaise presse ont beaucoup à craindre», a-t-il déclaré à l'AFP.

Le texte prévoit aussi de remplacer provisoirement le Conseil supérieur de la magistrature par une commission tripartite comprenant un représentant du gouvernement, chargée de réformer la justice.

Rafael Correa estime qu'elle compte trop de magistrats «corrompus» et «inefficaces», laissant en liberté des criminels et alimentant l'insécurité croissante dans le pays. Ses détracteurs estiment que l'exécutif cherche ainsi à contrôler le pouvoir judiciaire.

Les Équatoriens devaient aussi se prononcer sur l'interdiction dans leurs cantons de la mise à mort des taureaux pendant les corridas. Selon Rafael Correa, cette proposition a été adoptée dans au moins 221 cantons, dont Quito, comptant une féria de choix au niveau mondial.

Rafael Correa, économiste de 48 ans, au pouvoir depuis 2007 et proche allié du président vénézuélien Hugo Chavez, jouit d'un taux de popularité de 65%.

En quatre ans, il a renforcé le droit du travail, instauré en partie la gratuité des soins, et durci les termes des contrats liant l'État aux multinationales pétrolières, ce qui lui vaut le soutien des plus pauvres dans ce petit pays andin de 14 millions d'habitants.

Il a aussi multiplié les actions visant la presse et n'hésite pas à poursuivre ceux qui l'insultent.

L'opposition, divisée, au sein de laquelle on compte aussi d'anciens alliés de Correa a réagi samedi soir en dénonçant une fois encore son «autoritarisme».

«Tout gouvernement totalitaire, quasi fasciste, a eu recours à ce type de consultation,» a assuré l'ex-vice-président Leon Roldos, un socialiste.

Le référendum intervient après une révolte policière, le 30 septembre 2010, que Correa avait qualifiée de «tentative de coup d'État».

Rafael Correa est le président resté le plus longtemps au pouvoir depuis 1997, dans un pays notoirement instable, où huit chefs d'État se sont succédé en 14 ans.

Des résultats officiels partiels devaient être diffusés dans la nuit.