Une proposition d'interdiction de la mise à mort des taureaux figure parmi les questions les plus polémiques du référendum convoqué samedi en Équateur, pays qui occupe une place de choix dans le monde de la tauromachie.

«Approuvez-vous l'interdiction des spectacles ayant pour but de tuer l'animal dans le canton de votre domicile?». La question numéro 8, sur dix, posée aux quelque 11,2 millions d'électeurs équatoriens vise exclusivement à interdire la mise à mort des taureaux.Au fil des mois, sa portée a évolué, le gouvernement envisageant dans un premier temps d'interdire les corridas et les combats de coqs, avant de faire marche arrière pour la limiter à la mort des taureaux.

En Equateur, une des plus importantes places taurines d'Amérique latine, les aficionados sont nombreux: quelque 400 fêtes sont consacrées, annuellement, aux taureaux.

Au point que le torero français Sébastien Castella et l'espagnol David Fandila, «El Fandi», se sont déplacés en février en Equateur pour leur apporter leur soutien.

Selon l'Union nationale des spectacles, 30 000 emplois directs dépendent de ce secteur, dont 10 000 pour l'élevage.

Les corridas rapportent chaque année 50 millions de dollars au pays (34 millions d'euros), dont 30 pour la seule ville de Quito.

La Feria de Quito Jesus del Gran Poder, qui a lieu en décembre pour marquer la fondation de cette ville andine située à quelque 2 800 mètres d'altitude, attire les plus grandes stars du milieu.

Pour les autorités cependant, la mise à mort est déjà indirectement interdite par la Constitution d'inspiration socialiste adoptée en septembre 2008.

Ce texte «reconnaît les droits pour la vie, pour toute forme de vie qui existe dans la nature, il est donc nécessaire d'une certaine façon de les protéger, et l'État et les citoyens doivent débattre sur la question», a expliqué à l'AFP Carlos Baca, haut fonctionnaire du ministère de la Coordination politique.

La corrida a débarqué en Amérique au XVIe siècle avec les Espagnols. Elle est toujours très populaire au Pérou, en Colombie, au Venezuela et au Mexique, en dépit de mouvements de défense des animaux qui la décrient.

Pour le président équatorien Rafael Correa cependant, c'est un spectacle «où l'on torture les animaux», une expression de la «violence» qu'il veut éradiquer dans son pays.