Un tribunal du Costa Rica a condamné mercredi à cinq ans de prison l'ancien chef de l'État Miguel Angel Rodriguez (1998-2002), reconnu coupable de «corruption aggravée» pour avoir reçu des pots-de-vin de l'équipementier de télécommunications français Alcatel.

L'ancien président, âgé de 69 ans, n'aura en outre pas le droit d'exercer de charges publiques «pendant douze ans», a précisé la juge Rosaura Garcia, présidente du tribunal.

Il demeure toutefois en liberté conditionnelle avec interdiction de sortir du territoire et peut faire appel de cette décision.

Le parquet avait requis sept ans de prison contre M. Rodriguez pour corruption aggravée et enrichissement illicite.

Le tribunal a aussi condamné à diverses peines de prison cinq fonctionnaires et trois chefs d'entreprise également accusés d'avoir reçu des pots-de-vin d'Alcatel.

M. Rodriguez est soupçonné d'avoir reçu plus de 800 000 dollars de commissions illégales de la part de la compagnie française -qui a fusionné fin 2006 avec l'américain Lucent technologies- contre un contrat de 149 millions de dollars pour la fourniture de 400 000 lignes de téléphonie mobile.

«Je n'ai commis aucun délit», avait-il déclaré le 5 avril, à la fin du procès, ouvert en avril 2010.

L'an dernier, Alcatel-Lucent avait accepté de verser 137 millions de dollars pour mettre un terme aux poursuites pour corruption aux États-Unis.

La plainte déposée par la SEC, le gendarme de la Bourse américaine, concernait des pots-de-vin versés à des responsables gouvernementaux au Costa Rica, au Honduras, en Malaisie et à Taïwan, entre 2001 et 2006.

Au total, 8 millions de dollars de commissions illégales auraient été versés, selon la SEC.

Le département de la Justice avait estimé qu'Alcatel, alors cotée en Bourse aux États-Unis, avait enfreint la loi américaine sur la corruption à l'étranger.

À l'époque du scandale en 2004, M. Rodriguez avait dû renoncer à son poste de secrétaire général de l'Organisation des États américains (OEA), un mois après sa nomination.

Il avait été arrêté au Costa Rica à son arrivée de Washington, siège de l'organisation régionale. Emprisonné puis assigné à résidence pendant un an, il a ensuite été placé en liberté conditionnelle.

M. Rodriguez, chef d'entreprise, avait été élu président du Costa Rica sous la bannière du Parti démocrate-chrétien PUSC.

Il est le deuxième ancien président du Costa Rica jugé pour corruption. Rafael Angel Calderon (PUSC, 1990-1994) a été condamné à cinq ans de prison pour utilisation de fonds publics à des fins personnelles, mais il a fait appel et l'affaire doit être tranchée par la Cour de cassation.