Plus de dix millions d'Argentins, soit un habitant sur quatre, vivraient dans la pauvreté selon une étude privée publiée vendredi, un chiffre près de trois fois supérieur aux statistiques officielles.

Selon l'observatoire de la dette sociale de l'Université catholique d'Argentine (UCA), le nombre de pauvres est compris entre 25,6 et 29,6% de la population argentine (40 millions d'habitants), soit plus de 10 millions de personnes.

Environ 4 millions de ces pauvres vivraient dans la misère, qui toucherait entre 9,3% et 10,9% de la population, selon cette étude.

L'étude de l'UCA contredit les statistiques officielles de l'Institut national des statistiques (Indec) révélées mardi. D'après celles-ci, il y avait environ 4 millions de pauvres (9,9% de la population) au dernier trimestre 2010, dont un million vivant dans la misère (2,5% de la population).

Les différences s'expliquent par la référence prise pour le prix du panier de la ménagère, l'UCA contestant les chiffres de l'inflation de l'Indec (10% en 2010) et préférant utiliser les estimations des instituts privés (25% en 2010).

L'Indec fixe ainsi le seuil de pauvreté à 1.243 pesos par mois (210 euros), tandis que l'UCA a défini un seuil plus élevé, entre 1.791 et 1.991 pesos (300 à 335 euros).

En Argentine, le salaire minimal est de 1.840 pesos (368 euros).

L'UCA reconnaît qu'entre 2006 et 2010, «il y a eu une chute de la pauvreté», mais estime qu'elle va en s'atténuant depuis 2007 à cause de l'inflation.

A partir de 2009, le gouvernement de centre-gauche de Cristina Kirchner, au pouvoir depuis 2007, a mis en route un programme d'allocation familiale pour les foyers les plus pauvres. Chaque famille gagnant moins de 1.840 pesos par mois (310 euros) reçoit 220 pesos (37 euros) par enfant de moins de 18 ans.

En contrepartie, les parents doivent prouver que les enfants sont scolarisés et qu'ils respectent le calendrier des vaccinations obligatoires.

Le plan bénéficie à 3,6 millions de personnes.