Le président élu d'Haïti, Michel Martelly, a annoncé jeudi qu'il souhaitait créer dans son pays une «armée moderne» afin de ne pas dépendre éternellement des forces de maintien de la paix de l'ONU, lors d'une conférence de presse à Washington.

Après des décennies de troubles politiques et des dizaines de coups d'état, Haïti a dissout son armée en 1995. Depuis 2004, s'est installée la mission de stabilisation de l'ONU, la Minustah, qui a été autorisée à désarmer les milices qui existaient encore.

«La présence de la Minustah sur le sol haïtien signifie qu'il y a besoin (de créer) une force de maintien de la paix, sauf à proposer que la Minustah reste éternellement», a déclaré M. Martelly à la presse quelques heures après l'annonce officielle de sa victoire à la présidentielle haïtienne.

«Nous avons besoin d'une armée moderne, avec un solide corps du génie militaire, prête à intervenir» en cas de chaos et de catastrophes naturelles, a-t-il précisé, en évoquant notamment les besoins liés à la reconstruction du pays après le tremblement de terre dévastateur de janvier 2010.

La nouvelle armée serait concentrée sur la reconstruction du pays et ne nécessiterait ni «navires militaires ni avions de combat», a dit M. Martelly, qui a fréquenté dans sa jeunesse l'Académie militaire d'Haïti, avant de se faire renvoyer en raison de son comportement turbulent. Encore aujourd'hui, il compte parmi ses proches d'anciens frères d'armes, devenus officiers avant la dissolution de l'armée.

Le tout juste président élu a refusé de fixer un délai pour la mise en place de cette armée.

Les patrouilles de Casques bleus dans les rues haïtiennes sont parfois perçues par les populations pauvres comme une force d'occupation servant surtout à maintenir au pouvoir une élite corrompue.

Leur mauvaise réputation a atteint des sommets en novembre lorsque des Casques bleus népalais ont été accusés d'avoir introduit le choléra en Haïti. Quelque 5 000 Haïtiens sont morts de la maladie.

Des violences éclatent à Port-au-Prince

Des violences ont éclaté jeudi en Haïti quelques heures après la proclamation des résultats définitifs des élections présidentielle et législatives et ont fait un mort.

«Nous sommes en train de contrôler la situation. Je sais qu'une personne a été tuée mais nous n'avons pas encore tous les détails», a déclaré à l'AFP le porte-parole de la police haïtienne Frants Lerebours.

Des radios locales faisaient état jeudi de deux morts et de plusieurs blessés.

Des maisons et des véhicules ont été incendiés et des routes bloquées dans plusieurs villes où des manifestants contestent les résultats des législatives dans leur circonscription, a indiqué à l'AFP René Kempsa, porte-parole de la police de l'ONU en Haïti.

«Je sais qu'il y a beaucoup de mouvements de mécontentement dans certaines localités où des populations ont érigé des barricades mais nous, on n'a pas vu de cadavres de victimes», a-t-il indiqué à l'AFP.

Une annexe du ministère de l'Agriculture a été brûlée à Belladères (centre d'Haïti). Dans la ville de Léogâne, au sud de Port-au-Prince, des manifestations ont également été signalées par la Mission de stabilisation des Nations Unies déployée en Haïti.

Aucune violence n'avait été en revanche signalée dans la capitale, Port-au-Prince.

Selon les résultats publiés par le Conseil électoral provisoire haïtien (CEP), le chanteur populaire Michel Martelly a remporté la présidence d'Haïti avec 67,57% des suffrages soit 716 986 des votes exprimés au second tour du 20 mars.

Au parlement, le parti Inité du président sortant René Préval est apparu comme la principale force politique avec 46 sièges à la chambre basse et 17 au sénat.