Le candidat de gauche Ollanta Humala sera présent au second tour de l'élection présidentielle au Pérou, mais l'identité de son rival, Pedro Pablo Kuczynski ou Keiko Fujimori, est encore très incertaine, selon des projections et un décompte officiel partiel dimanche soir.

L'ancien lieutenant-colonel Humala, 48 ans, qui avait été battu au second tour en 2006, obtenait 26,6% des voix, selon les résultats partiels annoncés par l'Organisme électoral (ONPE) vers 20h00 locales.

Trois sondages sortie des urnes avaient auparavant donné Humala large vainqueur du premier tour, avec plus de 31,6 % des voix.

Mais une grande indécision régnait sur son rival au second tour, le 5 juin: pour l'ONPE, l'ex-Premier ministre libéral (2005-06) Pedro Pablo Kuczynscki, 72 ans, arrivait en deuxième position, avec 24,5% des voix.

Derrière lui, Keiko Fujimori, la députée de droite populiste de 35 ans et fille de l'ancien président autoritaire des années 1990-2000 aujourd'hui emprisonné, Alberto Fujimori, obtenait 21,1% des voix.

Selon les sondages à la sortie des urnes, c'était au contraire Fujimori qui affronterait Humala: elle devancerait Kuczynski de 1,8 à 3 points, selon les instituts.

«On nous donnait morts, et voila qu'on ressuscite!», a lancé Kuczynski à ses partisans à Lima, les appelant à la patience en vue d'un lent décompte.

Une photo fiable du second tour pourrait ne pas émerger avant plusieurs jours, comme en 2006, en raison d'un décompte officiel très lent et de recomptages.

Un éventuel duel Humala-Fujimori exigerait de choisir entre un candidat de gauche nationaliste, accusé par ses adversaires de vouloir copier le président antilibéral du Venezuela Hugo Chavez, et la fille d'un ex-chef d'État autocratique, incarcéré pour crimes contre l'humanité.

Un choix «entre un passé sombre et un saut dans le vide», a estimé Alejandro Toledo, l'ex-président centriste de 2001 à 2006, quatrième avec 15,6% des voix, selon le decompte officiel partiel.

Pour le prix Nobel de littérature Mario Vargas Llosa, battu par Alberto Fujimori lors de la présidentielle de 1990, ce duel serait «une catastrophe».

Près de 20 millions de Péruviens ont voté dans le calme pour élire un successeur à Alan Garcia (centre-droit) au terme d'une campagne dominée par l'urgence de partager la croissance record (+ 8,78% en 2010), qui a oublié en chemin 34% de personnes vivant dans la pauvreté.

«Tout nous laisse penser que nous serons au second tour», à lancé à ses partisans Humala dimanche soir, leur donnant rendez-vous «le 28 juillet (date de l'investiture) à la Présidence, pour un grand changement, une grande redistribution de la richesse».

Ce ex-lieutenant-colonel, qui combattit dans les années 90 la guérilla maoïste, est très populaire dans les régions andines sous-développées.

Depuis 2006, il a nuancé sa rhétorique antilibérale et marqué ses distances avec Chavez, dont le soutien lui avait sans doute coûté la victoire il y a cinq ans.

«Nous sommes au second tour!», a aussi assuré Keiko Fujimori.

Au long de la campagne, elle a tenté de capitaliser sur l'héritage de son père, resté pour beaucoup de nostalgiques le vainqueur de l'hyperinflation et des guérillas dans les années 90, mais au prix d'une casse sociale, et de violations des droits de l'homme.

Les Péruviens renouvelaient aussi leur parlement unicaméral. Selon les décompte partiel, il sortira fragmenté, avec le parti d'Humala en tête, suivi de celui de Keiko Fujmori.