Rio en deuil a enterré vendredi les douze écoliers sauvagement tués par balles dans leur école par un ancien élève de 23 ans, une tragédie sans précédent qui a traumatisé le Brésil.

Une foule de parents des victimes et d'amis était rassemblée dans les trois cimetières de la banlieue de Rio, où les corps ont été inhumés.

Dans celui de Murundu, la procession silencieuse a été surprise et émue par le survol d'un hélicoptère de la police qui a lancé des pétales de roses, un geste accueilli avec des applaudissements.

Sans dire un mot, Monica a regardé les fossoyeurs sceller la plaque en ciment au dessus du cercueil de sa fille, Marina de Souza, 13 ans, l'une des 12 victimes de Wellington Menezes de Oliveira, avant de s'évanouir.

«Monica, courage!» répétaient ses proches.

À quelques mètres de là, la mère de Laryssa Atanasio, 13 ans, faisait un dernier adieu à sa fille en plantant une rose blanche dans le ciment encore frais de la tombe.

Le pape Benoît XVI s'est dit «consterné» dans un message de solidarité envoyé vendredi aux familles et a souhaité «un prompt rétablissement aux blessés».

Onze écoliers étaient encore hospitalisés vendredi, dont quatre dans un état grave.

La présidente Dilma Rousseff a décrété trois jours de deuil national.

Avec des titres comme «Massacre à Rio», la tragédie s'étalait sur toutes les Unes de la presse brésilienne. Sur une photo, le tueur gît dans une mare de sang dans les escaliers de l'école, où il s'est tiré une balle dans la tête après avoir été touché à la jambe par un policier. La tuerie a duré une quinzaine de minutes.

Wellington Menezes a fait irruption jeudi vers 8h (9h heure du Québec) dans l'école qu'il avait fréquentée quelques années plus tôt. Bien habillé, portant un sac à dos, connaissant bien les lieux, il est aussitôt monté au deuxième étage et est entré calmement dans une salle de classe.

«Il a demandé aux enfants de fermer les yeux et de lever les mains. Il a dit qu'il donnerait une conférence», a raconté au journal O Globo Francisco André, cousin de l'une des victimes.

Wellington Menezes a alors pris deux revolvers, un dans chaque main, et a enfilé un ceinturon chargé de munitions.

«Vous allez tous mourir maintenant», a-t-il crié aux enfants. Les premiers tirs, dans la tête, ont touché les adolescentes assises au premier rang.

Il demandait «de regarder le mur et il tirait», a dit Jade Ramos de Araujo, une élève de douze ans.

«Beaucoup criaient: ne me tue pas, ne me tue pas ! mais sont quand même mortes», a-t-elle ajouté.

Sur la vidéo de l'école, on voit des élèves paniqués qui essayent de sortir de la salle en courant, tombent et se relèvent pour tenter d'échapper au tueur.

Wellington a laissé une lettre demandant «pardon à Dieu» et contenant des messages religieux confus mais prouvant que son geste était prémédité et qu'il avait l'intention de se suicider, selon la police.

Selon des témoignages, Wellington Menezes, était un jeune homme «bizarre», réservé et solitaire. Il passait son temps sur internet et avait été victime d'humiliations à l'école.

Cet épisode tragique a relancé le débat sur le port d'armes au Brésil où il est facile de s'en procurer. Le ministre de la Justice, José Eduardo Cardozo, a annoncé jeudi que le gouvernement allait entamer une nouvelle campagne de désarmement dans le pays.

Selon une commission d'enquête parlementaire, environ 580 000 armes circulent illégalement dans le seul État de Rio. Avec les armes détenues légalement, il y a au total 805 000 armes de tous calibres dans cet État de 17 millions d'habitants.